Incurie asymptomatique.

Publié par konrad sur 22 Novembre 2020, 09:34am

Catégories : #Ma prose en 2020

Olesya Bershadskaya. Peintre.

La rue est froide, les premières gelées annoncent l’hiver. Quelques rares personnes aperçues pressent le pas vers leur demeure. Je me hâte aussi car je n’ai ni masque ni dérogation et je m’apprête à commettre un délit ; acheter un livre !

Pourquoi prendre ce risque inconsidéré, ne pourrais-je rester sagement devant la télé à consommer ces produits essentiels et licites tels tabacs, alcools et autres bières ?

Pourquoi lire, alors que toutes les mesures prises le sont pour notre bien, notre sécurité et notre santé. Lire, se distraire, se promener ou faire du sport, voir sa famille ou ses amis sont des activités inutiles, voire dangereuses. Les experts le disent et le répètent à longueur de temps sur toutes les antennes, le virus affole les chiffres ; taux d’incidence, taux de positivité, nombre de reproduction, patients hospitalisés, en réanimation, faux positif, test PCR, antigéniques…. C’est pourtant simple à comprendre, pas la peine de lire, surtout si c’est pour poser des questions idiotes ou faire des remarques déplacées telle que : Si nous avions eu 20.000 lits de réanimation, par exemple, la situation aurait-elle été différente ? Passons...

Seul le travail est autorisé et encouragé, car il est moralement plus acceptable de contracter le virus au boulot qu’au bistrot.

Et puis de quoi se plaint-on, un vaccin arrive, hostie miraculeuse qui va sauver notre économie, accessoirement notre santé, et nous réconcilier avec le taux de croissance, saint indice et boussole indéfectible de nos dirigeants éclairés.

Je vais tout de même lire. Pour m’enrichir de mots et d’idées, me cultiver, m’évader, me faire plaisir, et constater que le monde n’est pas aussi clôt que ce qui se donne à voir par la petite lucarne.

Moi-même.