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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Dialogue imaginaire (mais pas trop) entre Proclus et Métroclès.

Publié par konrad sur 24 Août 2010, 12:58pm

Catégories : #Ma prose en 2010

 

-   Proclus mon ami ! Nous voici de nouveau réunis au mont Zagros qui borde l’Achéron, comme autrefois.

-   Salut Métroclès ! Je suis content de te retrouver. De quoi vas-tu m’entretenir aujourd’hui, je vois que tu as la mine pensive. Mais avant toute chose, rafraichissons-nous d’une zythum, rien de tel pour délier la conversation.

-   Tu as raison mon ami. Discutons si tu le veux bien de cette " philosophie du bien-être " qui fleurit un peu partout telle la cuscute sur l’inquiétude et le désenchantement du monde.

-   Soit, bien que je ne vois pas où tu veux en venir.

-   N’as-tu pas remarqué la pléthore de sites et de blogs sur le ouèb qui proposent diverses méthodes de relaxation, de réalignement des chakras, de technique pour déstresser et autre article pour bien méditer et s’harmoniser ?  N’est-elle pas outrancière cette dictature de la forme où chacun se doit d’être jeune, positif, souriant, en bonne santé, beau, battant, bien dans sa peau ? Toute cette volonté de s’adapter au monde pour s’y sentir bien plutôt que le transformer existentiellement, n’est-ce pas une " petite médiocrité " caractéristique de notre civilisation ?

-   Ha Métroclès, je reconnais bien le défourailleur conceptuel que tu as toujours été. Cependant ces sites ont la légitimité que leur accorde ceux qui les visitent et les informations qu’ils délivrent peuvent faire du bien à certains.

-   Je ne le nie pas, dans ce monde en décomposition même les mirages délivrent de la soif. Mais dis-moi Proclus, que désire l’âme ardemment ?

-  Je ne sais où tu veux me conduire Métroclès mais je dirais que l’âme désire l’union avec son principe créateur ?

-   Exactement Proclus ! Donc cette âme, sincèrement désireuse de l’union avec son principe créateur, va chercher à la réaliser le plus efficacement et le plus directement possible. Elle va chercher à voir ce qui empêche ou freine cette union ? Pour cela elle va écarter d’elle tous les artifices, de toutes sortes, qui lui voilent la réalité de sa situation et s’enquérir d’une lucidité totale.

Dans sa progression elle va se rendre compte de deux choses : Que la relation à " Dieu " est simple et directe (ce qui ne veux pas dire facile) et que pour parvenir à une union " durable " elle doit régler précisément ce pour quoi elle est incarnée. (Auquel cas elle serait restée dans le plan de Dieu).

-   Certes Métroclès. Mais elle ne peut le faire sans l’aide, précisément, que peuvent fournir ces méthodes de bien-être ?

-   Ces aides dont tu parles sont des narcotiques pour l’âme. Elles vont l’entretenir dans l’impression de réaliser un progrès, elles vont la maintenir en surface d’une illusion car la réalité de l’incarnation est un " drame ontologique " qui ne peut se " soigner " par aucune de ces méthodes douces.

Seul un regard aigu porté dans l’abîme où git l’ultime douleur, avec la détermination inébranlable de la guérir peut agir véritablement.

-   Tu es toujours aussi radical Métroclès. Admets cependant que tous ne peuvent avancer de la sorte.

-   C’est pourquoi il s’agit de bien analyser ces méthodes, qui sont dans bien des cas un baume sur une plaie encore purulente. Un sédatif qui empêche justement de voir et de comprendre l’enjeu du voyage de l’âme dans la matière. La racine est plus profonde que ce que laisse entrevoir ces techniques de bien-être qui ne traite au mieux que la surface. C’est pourquoi leur secours est de courte durée et passablement inefficace pour une âme résolue à terminer son voyage.

-   Tout ce que tu dis Métroclès me laisse songeur, j’ai le sentiment d’être à des années lumières de ce dont tu parles.

-  Allons Proclus il ne s’agit pas d’être affligé et ce que je dis ne dois pas te conduire à la morosité. D’autant que l’âme sur le chemin trouve toujours du secours au moment opportun.

-   Ton chemin est aride et austère, Métroclès.

-   Détrompes-toi Proclus, lorsque l’âme est sur son chemin, elle le sait et la joie fait partie de son bagage. C’est une ascèse qui conduit plus surement au but que toutes les méthodes qui veulent t’y conduire sans se préoccuper de la nature complexe de l’âme.

-   Métroclès, tu es toujours le même, intarissable. Il va nous falloir poursuivre cette discussion un autre moment, je dois partir.

-   Qu’à cela ne tienne, Proclus, nous aurons l’occasion de nous revoir.  

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