Je sors du trou.
De la lumière, enfin !
J’inhale goulûment l’air frais du dehors.
C’est que là-dessous on ne rigole pas beaucoup.
Les gens ont des mines graves et soucieuses.
Ils sont affairés à des tâches besogneuses qu’ils estiment capitales.
En fait, ils sont agités par le pouvoir.
Un pouvoir qui sait se travestir en de multiples formes afin de séduire les plus rétifs.
Alors c’est le règne des petits chefs, des cireurs de pompes, des courtisans et des lèches-culs de tous ordres.
Chacun en veut toujours plus, le riche, le pauvre, l’inculte, le notable, le dogmatique…
Tout le monde y goute selon l’appétit de son ego.
Le problème du pouvoir c’est qu’il est fondamentalement injuste.
Car il s’exerce sur le dos du plus faible, du plus petit, du plus facile.
Etant injuste, il ne peut qu’être violent pour assoir son autorité.
C’est ainsi que le pouvoir justifie la violence ; " pour le bien de l’individu ".
Le malentendu du pouvoir est de penser que l’on peut s’élever en montant sur les autres.
Ce faisant on ne fait que succomber à une sorte de vielle loi naturelle réductionniste darwinienne.
Celle du plus fort qui mange le plus faible.
Renoncer à la violence de l’instinct demande une force bien plus grande pour l'endiguer.
On peut désirer la force et non le pouvoir et la violence.
La force n’est pas la puissance.
C’est dans cette nuance que s’opère le retour sur soi, la prise de conscience sur les formes du pouvoir.
Sortir du trou n’est pas chose aisée.
Il faut se faire petit, presque misérable, laisser le moins de prise possible aux commentaires, se dépouiller de ce qui fait l’ordinaire des gens communs, subir parfois le joug du pouvoir.
Considérer l’autre comme une partie de soi et soi comme une partie du tout.
Retrouver l’état de liberté originelle " seule forme acceptable dans laquelle on peut penser Dieu " Solonovitch.
Faire de la liberté un principe et une joie !