Je me demande parfois si la quête spirituelle n’est pas engendrée par une flatterie de l’ego ?
Par un appétit qu’à celui-ci de tout ingurgiter pour en faire son gras.
C’est qu’il est retors pour masquer ses intentions sous d’habiles masques.
Il suffit de voir la façon dont les individus se comportent, la suffisance avec laquelle ils s’expriment, le sourire qu’ils arborent en énumérant leur savoir, le contentement qu’ils éprouvent à se sentir supérieur.
Tout cela suinte l’auto-gratification et l’orgueil que délivrent comme un amuse-gueule les premiers éléments de l’initiation.
Cela est puéril, il faut bien commencer par quelque endroit, si l’on ne perd pas d’esprit que le propre de la quête est un perpétuel dépassement.
Mais la plupart se laissent abuser par les premiers degrés de satisfaction que procure l’éveil de la sensibilité.
Aux premiers frémissements du réveil de leur conscience voilà qu’ils s’ébrouent et frétillent comme de jeunes mariés.
A cet endroit on en sait suffisamment pour que l’ego s’empare de ces bribes et s’en drape pour se donner l’illusion de toucher au but.
On étale son savoir comme un bonimenteur, on veut convaincre, on cherche des prosélytes, on devient avide de certitudes.
Il est tentant de s’abandonner aux reflets de l’illumination, de se reposer dans la gloire factice d’en savoir plus que les autres, de se mirer dans les lauriers que ne manquent pas de vous tresser la cohorte de suiveurs de tout acabit.
C’est que la lumière attire aussi bien l’innocente candeur que le prédateur.
Elle fait briller aux yeux des sots la concupiscence des ors dont ils feront leur tombeau.