Au moment où je travaille des jours pleins d'heures qui s'éternisent, où mes forces s'abandonnent au joug du labeur, où le vide étreint mes songes, je suis saisi d'une intuition vigoureuse. Mon âme, malgré l’enivrant tourment de la tâche, est restée dans son intégrité. Elle n'a pas chu dans la déréliction ni n'a cédé au vertige de l'abandon. Elle n'est pas affectée par mes tribulations qui ne sont que poussières et larmes passagères.
Cette affirmation fulgurante fait jaillir au sein de mon rétrécissement l'éclat d'une lumière de liberté inouï. Les murs de mon exil s’effacent comme la brume au soleil. Toute la dureté et la pénibilité du travail ne sont plus l'horizon fatal de mes jours. Je ne suis pas que cet instrument aveugle soumis aux forces de la nécessité. Mon âme joui d'une insolente liberté qui me remplit de joie.
Dans quelques mois j'en aurais fini de cette épreuve.
Moi-même.