Il est un moment béni de l'enfance, un temps où l'on joue sans autre souci que jouer.
On se donne à fond dans cette activité avec toute la gravité nécessaire pour bien jouer. Et lorsqu'on rentre le soir, la mine réjouie, on redevient l'enfant sans rupture avec tous les personnages que l'on a endossé.
Puis ce temps s'évanouit comme un rêve au matin. On ne joue plus, on devient une personne sérieuse et préoccupée.
Pour quelle raison ? Pour LA raison justement, qui étend son empire et son autorité. Elle décrète la vérité et sous son étroite perception la vie se teinte de couleurs fades.
On ne joue pas à être amoureux, on ne joue pas à travailler, on ne joue pas à être adulte. On peine à être ce personnage auquel on s'identifie jusqu'à devenir con et ennuyeux.
L'enfant parfois rejailli plein de candeur et te fait voir dans l'innocence de son sourire ton âme toujours juvénile. Sous l'étonnement la vie s'éclaire et révèle sa beauté.
C'est qu'elle ne se conjugue pas au passé simple mais au participe présent, et ça, l'enfant le sait mieux que personne.
Moi-même.