L'intérieur de la maison, comme les rues de la ville est faiblement éclairé. Nous sommes invités, mon pote et moi, à partager le repas du maitre de maison chez lequel nous dormons ce soir. Il y a là quelques hommes assis sur sur des tapis autour d'une table basse. Nous nous installons poliment tandis que le diner arrive. Un grand plat unique dans lequel chacun pioche avec la main en prenant un bout de galette. Nos hôtes ne parlent pas anglais et nous pas afghan mais cela ne gêne en rien l'humeur et les discussions bon train. A la fin du repas, deux hommes nous invitent à les suivre. Dehors la nuit enveloppe la ville, les ruelles étroites sont silencieuses et désertes. Nous passons à travers des corridors et un étroit passage qui débouche sur une sorte de garage aux murs de briques. Nous nous asseyons à même le sol. L'un d'eux sort une pipe à eau qu'il bourre de haschich et allume en tirant fort dessus. Puis il nous passe la pipe sur laquelle nous aspirons avec force. Elle passe ainsi de main en main dans cette nuit tranquille jusqu'à ce que chacun s'envole dans ses propres rêves. Aucun commentaire, aucune parole, tout se dit et se comprend dans cet échange silencieux. Quand tout s'éteint chacun rentre chez soi sous un ciel constellé d'étoiles.
C'était fin 79 avant l'invasion de l'Afghanistan par les Russes. Nous venions d'Iran où le "magic bus" parti de Paris nous avait déposé sans préavis suite aux difficiles conditions de la revolution islamique en marche avec le retour de Khomeini.
Moi-même.