Afin de rompre la monotonie astreignante de mon travail, je me répète chaque soir avant de m'endormir qu'il faut que je me rappelle mes rêves. Ainsi, le matin j'ai des histoires, plus ou moins intéressantes, qui m'entretiennent quelques minutes ou quelques heures dans cet état plaisant où se mêlent rêve et réalité. L'imagination aidant je goûte ces images, comme un vin en bouche, qui tissent l'écheveau de ma vie psychique.
Cela ne constitue pas une vie spirituelle, loin s'en faut. D'ailleurs, qu'est-ce qu'une vie spirituelle ? Je ne sais trop, j'imagine une vie dédiée à l'esprit, engagée, une ascèse. Mais surtout pas un réconfort, un baume que l'on poserait sur une plaie mal soignée, comme se plaisent à l'évoquer maints commentateurs de "l'éveil".
L'idée que les vertus de l'esprit guérissent le stress, préviennent les humeurs émotionnelles et conduisent à la vie facile me paraît fallacieuse. C'est un argument pour vendre du sédatif et des formules bien-être pour se sentir toujours à l'aise dans le cloaque. Un truc supplémentaire pour le bourgeois qui se veut à la page dans la mode du moment.
Ça ne correspond pas avec l'idée que je me fais de la rencontre avec l'esprit, c'est à dire soi-même, de cette commotion qui réduit à néant toutes les représentations que l'on s'en fait car précisément il est au-delà de toutes représentations.
Est-ce à dire qu'on ne peut en parler ?
Peut-être faut-il renoncer à en faire un excipient pour consommateur avide.
La vie spirituelle n'est pas à confondre avec la vie psychique ou même la vie intérieure.
J'ai beau y rêver je ne fais que tourner autour sans aborder sa rive. Malgré tout, cela reste un bel horizon à envisager.
Moi même.