C'est arrivé sans fard ni trompettes, naturellement, comme la brume matinale s'évapore aux premiers rayons de soleil ou une dent de lait qui cède au sourire. L'évidence sans contrariété prend le fil de l'histoire. Ce fut en l'occurrence la perte du sens. Plus exactement la perte de la signification. Celle-ci, dont l'hégémonie ne souffre nulle contestation, s’efface comme par enchantement sur un paysage miraculeux. L'arbre est arbre, le ciel est bleu et l'herbe verte. Vertige, cela est et fond sur mon esprit désarçonné. Déluge de clarté, les choses se montrent telles qu'elles sont dans leur évidente présence. Elles n'ont pas de signification hormis l'histoire que je raconte à leur sujet. Ce que j’interprète à leur sujet n'est pas leur vérité. C'est un récit, une fable pour combler ma solitude. C'est mon théâtre, un simulacre dans lequel je me pense exister.
Moi-même.