Villages champêtres, bourgs embourbés, villes bourgeoises et bourgades dépeuplées, la France ne cesse d’être curieuse. Je la parcours de-ci de-là au travers de ses départementales sans y trouver à redire. La campagne s’alanguit sur des lauriers quelque peu fanés. Des gens âgés arpentent des trottoirs que les commerces ont désertés, partis vers un ailleurs que personne ne soupçonne, comme les jeunes vers des villes plus attrayantes que les bourgs où l’on se bourre pour oublier le bourbier dans lequel on est plongé.
Incontestablement il y a du charme dans ces terroirs traversés. Quand bien même suranné il est comme ces parfums invisibles qui viennent chatouiller vos narines d’un indicible plaisir. Tant d’histoire coule dans ces rues, célèbre ou puérile elle fait ce pays.
Je ne parlerai pas de "territoire", terme tiré d’un quelconque cabinet d’aisance pour gommer le mépris qu’ils ont des terroirs. Territoire est l’expression que l’on emploi pour décrire la zone qu’occupent les animaux sauvages. On parle de territoire pour le sanglier, le loup ou la cigogne. Lieux qu’ils marquent de leurs déjections afin d’en établir les limites. Pour les humains on parle de région, de campagne, de province, de terroir… Pourquoi renommer les choses sinon pour effacer les identités, les traditions et les coutumes attachées au "pays" comme l’on nommait le compagnon.
Je dis quelques mots aux gens croisés, dans un bar ou dans la rue. Chacun(e) répond avec parfois un mot qui invite à poursuivre. L’on apprend que personne n’est dupe, que tout le monde sait sans se le dire, que le monde ne tourne plus très rond. Le mystère inexplicable gît là, dans les non dits, dans les regards perdus et les gestes désemparés. Le mirage s’estompe, la magie prend fin, Mac Kinsey ne fait plus illusion. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume ! Mais cela ne m’empêche pas de continuer à le parcourir, ne serait-ce pour les trésors qu’il recèle dans son histoire et le fait être beau.
Moi-même.