Ne me demande pas qui je suis, je ne suis rien.
Mais ne te méprend pas sur ce rien, les gens pétris de bonne conscience ont une peur superstitieuse du rien. Ils s’imaginent que le rien c’est le vide, qu'il s'agit d'un abime sans fond qui ouvre sur le néant et la perdition.
Alors ils agissent frénétiquement, ils tentent par tous les moyens de combler ce rien par toutes sortes d’artifices, pourvu qu’il y ait quelque chose plutôt que rien. Quand bien même ce quelque chose serait une horreur qui ne trouve aucune grâce à leurs yeux, elle leur serait préférable au rien.
Regarder ce qu’est le rien c’est faire preuve de lucidité, c’est aller au-delà du miroir et de l’image convenable qu’il renvoie et de lever le voile sur ce que nous sommes réellement. C'est oter le masque de nos illusions derrière lequel se cache la vanité de nos actions.
Le rien c’est ce qui n’a pas d’importance. C’est le calme reflet d’un lac lorsque toute agitation a cessé.
Le rien c’est le point noir dans l’océan du blanc, c’est la part indispensable du tout sans lequel il ne serait pas le TOUT.