Un homme, dont la richesse avait envahi le cœur et qui se sentait malheureux, s’en vint trouver un rabbi, dans l’espoir de retrouver la joie.
Le rabbi lui dit : - « Regarde par cette fenêtre et dis-moi ce que tu vois ».
- « Je vois des hommes dans la rue qui vont et qui viennent ».
Alors, le rabbi lui tendit un miroir et lui dit : - « Regarde dans ce miroir et dis-moi ce que tu vois ». L’homme reprit : - « Je me vois moi-même ».
« Et tu ne vois plus les autres ?
Songe que la fenêtre et le miroir sont tous les deux faits de la même matière première, le verre ; mais le miroir ayant été recouvert d’argent par derrière, tu n’y vois plus que toi-même tandis que tu vois les autres à travers la vitre transparente de la fenêtre.
Je déplore d’avoir à te comparer à ces deux espèces de verre.
Pauvre, tu voyais les autres et tu en avais compassion.
Couvert d’argent, tu ne vois plus que toi-même.
Sans doute vaut-il mieux gratter le revêtement d’argent, pour qu’à nouveaux tu puisses voir les autres. . . »
Contes et récits pour tous les temps. Recueil réalisé par Bernard Châtaignier.