Ce qui me frappe en me promenant dans le centre des petites villes ou communes que je visite à l'occasion, c'est le nombre de petits commerces fermés. C'est impressionnant ; rideaux baissés, intérieurs vides, vitrines rendues invisibles, pancartes cherchant un repreneur, tout du long de la rue. En ces jours d'automne l'humeur est maussade et je marche d'un pas rapide afin de ne pas me laisser happer par ce que j'imagine être une malédiction. J'avais entendu parler de cette lente désertification des centres villes, mais le voir est une épreuve qui vous dessèche de tout enthousiasme. La ville est état d'anémie et le peu de gens que je croise ont le regard vide de ceux qui voient l'agonie sans rien y pouvoir faire. Plus rien ne vous stimule, l'ennui et la tristesse vous accable sur les trottoirs. Il faut vite rentrer au foyer après avoir retenu son souffle dans les rues. Il me semble que le temps s'écoule moins vite ici, voire même qu'il s'est arrêté par asphyxie. Je ne sais si ce courant est inéluctable, il pousse les jeunes vers les métropoles régionales en laissant les vieux dans le fond de son lit, telles des pierres trop lourdes à charrier. Mais au passage je vois de beaux monuments, vestiges d'un âge flamboyant, qui ponctuent de leur beauté et de leur grâce la mémoire d'un pays riche de son histoire.
Moi-même.