Le travail m’a lâché, abandonné sans prévenir, jeté comme une vielle chaussette usagée.
Je n’ai pas protesté, ni tenté de le retenir, le travail n’a jamais été ma tasse de thé.
Mais où est-il parti ? Fatigué lui aussi par tant d’imbécile labeur ? Ou parti s’accrocher sur de jeunes pousses comme une liane parasite ?
Le plus embêtant c’est pour payer ce que je dois pour survivre, loyer, nourriture, essence. . .
Il a emporté avec lui l’argent comme un mari jaloux, me laissant les factures et les impayés, à moi de me débrouiller.
Comme si je savais faire ?
Je reste comme un imbécile à regarder passer les vaches.
Toute la morale du monde me tombe dessus et me pointe du doigt.
Le fainéant, le paria, l’assisté, le voilà honte à lui !
C’est qu’il faut se battre dans la vie.
L’existence à un prix et un coût.
Celui de la sueur et de la douleur.
Tout cela est tellement intériorisé qu’on ne sait plus penser autrement.
Fatalité est le mot pudique jeté sur l’opprobre.
Triste sort en vérité que celui de l’homme.
Quand finira cette soumission insupportable, ce tribut absurde ?
Je ne sais, alors hâtons-nous de . . . de quoi ?
Qu’importe mais hâtons-nous.