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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Manifeste utopiste.

Publié par konrad sur 3 Février 2010, 16:57pm

Catégories : #Ma prose en 2010


Notre époque moderne a enfanté un rejeton dont le trait le plus saillant est une hypertrophie du moi.

Pas un évènement dans la vie publique, même mineur, qui ne porte en lui la trace de cette infatuation, pas un fait qui ne vienne souligner la prétention du "moi-je" à exercer sa tyrannie, à gouverner en autocrate.

Le corollaire de cet état est un narcissisme impudique qui s’étale sans vergogne sous le fallacieux prétexte d’être "soi-même".

Être soi-même n’est plus une sollicitation à se connaitre et à se construire intérieurement mais est entendu comme une exhortation à s'exhiber sous le jour le plus vulgaire.

La société du spectacle, prompte à saisir l’insignifiant pour le recycler en prêt à penser, promulgue : "tout le monde est artiste" et offre les feux de la rampe à toutes les idées éphémères qui viennent se consumer sur les planches de l’arène.

On y vient, on y courre davantage pour se montrer, se mettre en scène et briller par procuration, que partager son talent ou exposer son travail.

Le regard critique de l'autre compte moins que la propre satisfaction à jouir de soi.

A voir ce qui se produit, on ne peut qu’être saisi par la vacuité du propos et le déficit d'exigence.

On a beau chercher la généalogie de l’œuvre, les traces de gestation, les filiations authentiques, les empreintes que laissent les errements nécessaires, les lignes de forces en jeu, la substantifique moelle, l’intention même ! Rien.

Juste une bulle, un gonflement de l’ego qui satisfait sa bonne conscience comme on soulage sa vessie.

 

" Souvent au lieu de penser on se fait des idées " (Louis Scuténaire). L’idée qui vient à l’ego n’est pas une pensée, c’est un instinct, une peur infantile de sa finitude.

Son immaturité est telle qu’il ne voit pas que sa fin porte en germe le gène de sa propre mutation.

Il s’abreuve d’idées toutes faites dont il s’enivre et sous ce linceul endort sa conscience.

Il tente de conjurer ce mauvais sort en se scindant en de multiples identités, en comblant de superficialité soporifique l’abime de son vide intérieur.

Ce déni le rend cruel, il engendre la haine de soi et de l’autre, de la différence.

Le corps lui est trivial, lui est insupportable sa lente et irrémédiable décrépitude.

Le moi dans son ultime prétention se rêve désincarné, dans un monde sans âme et un avenir lisse, sans taches et sans reliefs.

Une mécanique bien huilée où les désirs réduits à leur plus simple expression ne subissent aucune attraction pas même celle d’un monde intérieur devenu inexistant.

 

" Vis ta vie. Ne soi pas vécu par elle " (Pessoa). La lucidité de l’homme postmoderne passe par une réappropriation de la totalité de sa nature. Il doit réinventer de nouvelles utopies, se frayer un chemin sans traces vers un horizon vertical.

Il se sait en transit sur ce territoire d’adoption. Et parce qu’il se sait périssable, le corps voué à  l’extinction, il peut se libérer de cette pesanteur et se vouer à la tache ; "Deviens qui tu es" (Pindare).

Pour cela il reprend conscience d’être un canal où coule le courant de la sève brute de la force et du potentiel de la terre-mère et de la sève élaborée de l’intuition et des intentions du ciel spirituel.

L’homme, de nature corpusculaire et ondulatoire élabore et conjugue dans son athanor intérieur le mariage alchimique des forces antagonistes pour sa réalisation ultime.

Retrouvant la plénitude d’une vie complète, l’homme de synthèse refait l’alliance avec la permanence de ce qui EST.

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