" Ô mon corps, qui me rappelez à tout moment ce tempérament de mes tendances, cet équilibre de vos organes, ces justes proportions de vos parties, qui vous font être et vous rétablir au sein des choses mouvantes prenez garde à mon ouvrage ; enseignez-moi sourdement les exigences de la nature, et me communiquez ce grand art dont vous êtes doué, comme vous en êtes fait de survivre aux saisons, et de vous reprendre des hasards.
Donnez-moi de trouver dans votre alliance le sentiment des choses vraies ; modérez, renforcez, assurez mes pensées.
Tout périssable que vous êtes, vous l’êtes bien moins que mes songes.
Vous durez un peu plus qu’une fantaisie ; vous payez pour mes actes, et vous expiez pour mes erreurs : Instrument vivant de la vie, vous êtes à chacun de nous l’unique objet qui se compare à l’univers. "
Eupalinos. Paul Valéry.