C'est la tâche que je m'assigne. Nécessairement.
Comment se renouveler lorsque l'on a complètement changé d'environnement ?
Lorsque l'on passe d'une notoriété relative au sein de ses amis à l'anonymat complet dans un milieu étranger ? Lorsqu'un certain nombre de choses auxquelles on attachait de l'importance ont perdu de leur attrait sinon de leur intérêt ?
Nous voilà un peu désemparé à devoir réapprendre les gestes du quotidien.
C'est que le contexte, dont on minimise l'influence, a un rôle déterminant sur nos comportements.
Lors de conférences que je présentais, certaines personnes me voyaient avec une aura lumineuse autour de la tête et me croyaient doté de pouvoirs exceptionnels. Elles se pressaient autour de moi en m'accablant de questions énigmatiques persuadées que j'avais toutes les réponses. Et puis à d'autres moments dans mon travail on n'hésitait pas à me rudoyer pour me corriger d'une erreur ou faire que le travail avance plus vite.
Qui suis-je ? L'ouvrier ou le conférencier ? L'un ou l'autre, ou ni l'un ni l'autre, ou bien plutôt l'un et l'autre et plus encore ?
L'essentiel n'est pas de porter la combinaison de l'ouvrier, le costume du savant ou le manteau du bourgeois fortuné ; c'est qu'aucun de ces costumes ne salopent mon âme. Qu'aucun de ces uniformes auxquels il peut être tentant de céder, ne pervertissent ou n'altèrent la valeur que j'accorde à mon âme.
Se renouveler ce n'est pas changer de vêtement c'est de ne pas s'y complaire et s'en faire un habit définitif. C'est aller rencontrer un point en soi, de nature spirituelle, intime, personnel, tellement personnel qu'il en devient universel.
En même temps que l'on se renouvelle à cette source on laisse tomber un paquet de notions, d'idées, de préjugés dont on habille notre mondanité, pour ne garder que ce qui a de la valeur. Une valeur inestimable, inaltérable, plus brillante que l'or, plus simple qu'une idée, plus vraie que les mots, une valeur qui éclaire et inspire à ce qu’il y a de plus noble en soi.