(…) Pas réguliers, visage au vent, je me sens de plus en plus "fou" à mesure que j'arpente cette route du Sud (tantôt longeant la côte, tantôt dans les collines avec seulement de brefs aperçus de la mer), et des frissons d'extase me parcourent de la plante des pieds au sommet du crâne.
Celui qui lit cela doit penser que j'exagère, qu'après tout je ne fais que marcher le long d'une route, et qu'il n'y a guère là cause d'extase. Eh bien, tout ce que je peux dire, c'est qu'on ne trouve pas l'extase en empilant des causes, que cela vient d'une réduction plutôt que d'une raison – j'étais "vide" et je marchais, et le vent m'environnait, et la mer miroitait, bleue, là-bas au loin. (…)
Kenneth White. Le visage du vent d'est. Errances asiatiques. Albin Michel.