Nous rentrons à la base, pour certains frustrés de n'être allé au bout, pour d'autres satisfaits de se savoir si nombreux à une manifestation interdite.
Samedi rdv à la Rochelle. Là encore c'est le jeu du chat et de la souris avec les gendarmes. Des paysans en tracteur sont déjà devant les portes du port de commerce. Beaucoup de monde à la Rochelle, tout le monde se regroupe dans un parc du centre ville. C'est festif, amical et bienveillant pour le moment. Deux directions sont proposées, une vers le port par le nord, une autre par le front de mer, toutes deux devant se rejoindre au port commercial. Je prends celle qui va vers le nord, c'est la plus importante en nombre. Les tracteurs iront sur le front de mer avec les autres.
Arriva ce qui devait arriver ; les black block :
Ils sont nombreux en tête de cortège et leur envie c'est d'en découdre avec la police et de casser les abris bus, des magasins ainsi que quelques voitures dont ils trouvent la valeur excessive à leurs yeux. Ce sont pour la plupart de très jeunes adolescents qui trouvent là une occasion de se sentir exister et de vider leur frustration. Je ne trouve pas de justification à leurs débordements, cela ne sert aucune cause, ce n'est qu'une pulsion narcissique, une jouissance à détruire. Ce n'est qu'une minorité dans les manifestations mais on ne retiendra que leurs dégâts et le dégoût qu'ils inspirent à la population. Ce sera encore une course pour échapper aux gaz lacrymogène et aux charges policières. J'errerais comme nombre de manifestants égarés, ne sachant quelle direction prendre, se renseignant en chemin sur ce qui se passe. J'arriverai à retrouver un groupe en front de mer. Là nous attendrons le reste des manifestants ainsi que des tracteurs avant de regagner le centre. Mais partout les gendarmes et des gaz qui m'irritent les yeux et la gorge. Une dispersion s'opère et chacun tente de regagner les véhicules. Une fois rentré, compter un peu plus de 60 kms, la soirée sera festive et animée. De nombreux intervenants locaux, paysans, syndicats, internationaux, viendront parler de cette problématique de l'eau et des méga bassines. C'est l'enjeu principal de cette manifestation, demander un moratoire sur les méga-bassines. C'est une question fondamentale car l'eau est et doit rester un bien commun, chacun des intervenants dans cette affaire a son mot à dire et doit peser dans le débat. Il ne s'agit pas d'opposer les uns et les autres mais de se concerter pour envisager un avenir où personne n'est lésé. Pour le moment la balance penche en faveur des agro-industriels et des politiques favorables à cette excroissance sans limite des ressources. Mais la mobilisation de tous et toutes fait que les consciences s'éveillent à cette question. Au vues des changements climatiques nous ne pouvons plus faire comme avant, nous ne devons plus produire et consommer comme si les ressources étaient illimitées. Nous commençons à toucher une limite, celle des ressources indispensables à la vie. Changer de modèle n'est pas facile, ce que démontre cette manifestation c'est que des gens qui agissent ensemble dans un but commun peuvent construire, nourrir, soigner, aider pendant plusieurs jours toutes celles et ceux qui sont présentes. C'est un message qui donne un sens optimiste à un devenir qui en manque.