Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Le chien aboie, la caravane passe. le chat miaule, le fourgon poursuit sa route.

Publié par konrad sur 16 Août 2024, 10:20am

Photo perso.

Photo perso.

 L’endroit où je me suis arrêté est calme, champêtre et personne alentour. J’ai bien dormi. La cafetière frémi tandis que le soleil glisse un rayon de lumière par la fenêtre. J’en profite pour écouter la radio sur mon ordinateur et, c’était prévisible, un amoncellement de mauvaises nouvelles dévale dans mon habitacle. Fini la parenthèse enchantée, si tant est qu’elle ait existé en dehors des slogans médiatiques, place au réel. Après la canicule, voici les feux et les orages avec leur cohorte de dégâts. La guerre Russo/Ukrainienne prend une nouvelle tournure inattendue mais inquiétante, celle à Gaza se poursuit sans perspective claire tandis que les experts se perdent en conjectures sur l’intervention Iranienne et les risques d’embrasement régional.

 Sur tous ces sujets j’ai le sentiment que nous faisons toujours un pas de plus vers l’abyme, comme si rien ni personne ne pouvait – ou ne voulait – arrêter cette fuite en avant. J’ai l’impression que nous sommes tel un conducteur lambda qui freine de toute ses forces sur une route verglacée. Très souvent c’est un choc qui stoppe la voiture, mais y a-t-il un pilote qui sache conduire dans ces situations périlleuses ? Sommes-nous résignés, aveuglés, impuissants devant ce qui nous menace ? Mais il ne suffit pas de dire pour que cela agisse, ce n'est pas si simple. On le voit très bien dans la situation des migrants à Calais qui veulent passer en Angleterre. Deux pays riches, culturellement proches, avec de nombreux moyens techniques et humains qui ne peuvent - ou ne veulent ? - enrayer les flux de migrants qui errent dans des conditions déplorables sans réel avenir. Si dans ce périmètre circonscrit qu'est la Manche, relativement limité, aucun de ces deux pays n'arrive à régler le problème, comment dès lors faire face aux enjeux planétaires qui sont devant nous ?

 Alors je suis là, dans mon fourgon, paisiblement installé à boire mon café et le bruit du monde rugit par le poste. Comment cela se fait-il, quel drôle de monde ? Autour de moi, à quelques milliers de km des gens meurent dans des conflits intolérables et absurdes. Certes la mort est une face de la vie, elle nous affecte toutes et tous, quiconque nous soyons. C’est la justice immanente qui rend tous les êtres égaux de ce point de vue. Les conditions mortelles naturelles, maladies, vieillesse, sont acceptables mais les guerres la rendent insupportable au XXIieme siècle. Le paradoxe est que si le monde est devenu plus riche, plus globalisé et interdépendant les conflits s’intensifient et se généralisent. Peut-être parce qu’il est devenu plus connecté et donc plus "petit" chacun se recroqueville sur lui-même de peur de se voir déposséder de ses ressources, de sa position et de son identité ?

 L’Occident qui jusqu’alors faisait briller son étoile démocratique en la brandissant tel un fanion universel, se voit de plus en plus contesté par un "sud global" qu’insupporte notre moraline post coloniale.

 On assiste aussi en France à une forme de déraillement au moment où l’on cherche à établir un nouveau gouvernement. Le vernis républicain se craquelle lorsque les "démocrates institutionnalisés" s’écrivent dans un entre-soi ridicule duquel sont exclus les "extrêmes" que sont la LFI et le RN ; façon de dire aux millions d’électeurs de ces partis qu’ils ont mal voté, ont mauvaise haleine et qu’en conséquence on les exclus de "l’arc républicain". Quelle pitoyable posture qui ne peut aboutir qu'au ressentiment, à la colère et au désastre. Que va penser un électeur de ces partis, voire d’ailleurs ?; que cela ne sert à rien de voter, qu’on se fait avoir de façon tellement visible que ça en devient grotesque, que décidément les politiques font leurs affaires avec des principes d'impostures. Tout cela n’est pas raisonnable et est inquiétant pour la suite car il dénote une forme de déni, de cécité et de mépris. Le même qui nous agite collectivement mondialement et dans lequel aucune perspective de paix n'émerge. Aucun pays n’est épargné comme si le courant inéluctable de l’histoire nous conduisait vers un horizon incertain parsemé d’écueils.

 J’ai éteins la radio, ouvert un livre et lu quelques pages. Puis j’ai regardé le soleil en suivant sa course car à mesure que notre astre tourne, l’ombre sur mon camion se déplace. Un moment viendra ou il se couchera, tout comme moi, sans autre intention que de renaître et briller en un cycle intemporel. Moi, j’irais remettre mon corps en terre tandis que mon âme ira là où le voyage la portera. Le monde, lui, poursuivra sa ronde dont mêmes les experts ignorent quelle est sa course et sa cause.

 

Moi-même.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives