(Van Gogh. Nuit étoilée)
Assis, j’attends l’illumination.
L’idée a surgi tandis que je n’ai rien d’autre à faire.
Le fauteuil se contente de suivre l’inclination de ma pensée en basculant en arrière.
Mais suffit-il d’attendre ? N’y a-t-il pas une action concrète à mener ? Un exercice propitiatoire à conduire? Une volonté, une concentration, un désir à quérir ?
Dans l’expectative je me laisse choir plus avant dans ce fauteuil qui sait si bien retenir mes velléités d’action.
D’autant que je ne veux pas une illumination frelatée, de celles contées avec force effusion de sentimentalité, ou celles expliquées en un jargon abscons ici ou là.
Je ne veux pas celle des autres, mais simplement la mienne, personnelle, inattendue, déterminante.
En attendant seul le coulis du vent agite le rideau de tergal.
Des nuages gorgés de bonhomie paissent dans le ciel.
Qu’un rai de lumière dissipe sans conviction.
Le vrombissement d’une mouche sur la vitre suggère qu’elle aussi se heurte à l’incompréhensible.
Soudain la voilà mon illumination, je suis une mouche obstinée sur l’évidence !
Ce n’est pas la vitre l’obstacle mais mon propre aveuglement à ne pas voir au-delà.
A ne considérer qu’un angle restreint de la réalité.
Ha ! Mon fauteuil s’étire tout du long comme s’il acquiesçait à mon soulagement.
On a les illuminations à sa mesure.