Les fées nous ont déserté, elles sont retournées dans leur monde, à l’abri de nos ratiocinations. On ne peut les en blâmer, nos imaginaires sont colonisés par la nouvelle déesse IA qui se dresse en maîtresse incontestée de la raison. Cependant elles n’ont pas disparues, elles irriguent quelques esprits aventureux et certains lieux où elles furent présentes.
Lusignan est de ceux-là. Petit village assoupi qui fut le nom d’une célèbre famille au moyen-âge. Et si elle eut une telle renommée, ce fut par la grâce de Mélusine, fée magistrale et enchanteresse. Aujourd’hui il ne reste que le souvenir qui habite Lusignan. Le château, dont on imagine qu’il fut majestueux, n’est plus que ruine. Les rues du village sont désertes, les façades s’effritent et le passé n’a plus la force de stimuler le présent. Marcher dans le village, en faire le tour, n’offre que peu de repères pour la représentation. Il faut plonger dans la mémoire vive de l’histoire, invoquer la fée afin qu’elle ressuscite dans nos esprits les liens qui nous unissent avec la terre, l’eau et la vie.
Mélusine est un pont subtil entre la nature et nous. Elle nous révèle que nous ne sommes pas étrangers à ce monde et qu’il nous faut le respecter. C’est la figure, toujours moderne, de l’écologie alliée à la magie, du sensible à la raison, du spirituel au matériel.
Moi-même.