Je sors les poubelles, comme à l’habitude.
Lorsque le couvercle de la benne s’entrouvre pour recracher le trop plein d’ordure, il est temps de trainer le lourd carrosse jusqu’au conteneur.
Là je transvase les sacs qu’un camion viendra chercher nuitamment.
C’est une tâche qui s’accompli en silence, à toute forme de fin on sent bien que tout à été dit.
Pourtant chaque sac trahi, mieux que tout énoncé, l’histoire de celui qui l’a déposé.
Dans chaque poubelle une tranche de vie se lit, une ébauche, une envie, un besoin qui ira finir à peine assouvi en vulgaire détritus.
Personne ne prête attention à ce qu’il jette, c’est effroyable la quantité, parfois intacte, d’aliments qui se trouvent mis au rebut.
Quel triste paradoxe de mesurer la richesse à ce que l’on gaspille.
Je dépose le dernier sac, mais s’en est pas fini, leur odeur me colle aux mains et me poursuit après plusieurs lavages.
On ne se débarrasse pas facilement de la pourriture.