Face à l’esprit de sérieux envahissant, à la gravité d’une morale toujours plus utilitaire, à la pesanteur des idées mercantiles, répond l’ironie du sage.
Cette sagesse, car s’en est une, vise à questionner les vérités établies en déconstruisant le discours sur lesquelles elles sont fondées.
En réintroduisant de l’incertitude dans le propos elle préserve d’un excès de rationalisme.
Elle met à distance la prétention de la raison à être seule habilitée à rendre compte de la vérité.
L’ironie c’est le rire sérieux de celui qui ne se prend pas au sérieux, de celui qui feint de ne pas savoir en sachant que le savoir est un horizon toujours dépassable.
Les mots, aussi précis soient-ils, ne peuvent contenir ni rendre compte de la totalité du réel.
Ce que rappelle l’ironie, sans affirmer autre chose, c’est que le langage ne se confine pas seulement aux mots.
Il y a un langage du corps et l’indicible s’appréhende autant par la raison que par la résonance intuitive, par l’intellect que par le sensible.
Tout savoir se sclérose dans le dogmatisme, toute vérité se cristallise lorsqu’elle n’est plus dynamique.
L’ironie c’est la légèreté de l’aphorisme face à la lourdeur de la démonstration.
A la théorie des explications laborieuses, répond l’évidence de l’expérience.
" Les hommes connaissent tous l'utilité d'être utile, mais aucun ne connaît l'utilité d'être inutile."
" Savoir s’arrêter devant l’incompréhensible est la suprême sagesse. "
Tchouang-Tseu.