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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Le gai savoir.

Publié par konrad sur 30 Mai 2012, 07:07am

Catégories : #Pensées originales.

Un philosophe qui a traversé et ne cesse de traverser plusieurs états de santé, a passé par autant de philosophies : il ne saurait faire autrement que transfigurer chacun de ses états en la forme et l’horizon les plus spirituels ; - cet art de la transfiguration, voilà ce qu’est la philosophie.

Il ne nous appartient pas, à nous autres philosophes, de séparer l’âme du corps, comme le fait le vulgaire, encore moins de séparer l’âme de l’esprit.

Nous ne sommes pas des grenouilles pensantes, des appareils d’objectivation et d’enregistrement sans entrailles, - il nous faut constamment enfanter nos pensées du fond de nos douleurs et les pourvoir maternellement de tout ce qu’il y a en nous de sang, de cœur, de désir, de passion, de tourment, de conscience, de destin, de fatalité.

 

Vivre – cela signifie pour nous : changer constamment en lumière et en flamme tout ce que nous sommes ; de même, aussi, transformer tout ce qui nous frappe, nous ne saurions absolument pas faire autrement.

 

(…) Nous savons désormais trop bien certaines choses, nous autres hommes conscients : oh ! comme nous apprenons bien désormais à bien oublier, à bien ne-pas-savoir, en tant qu’artistes ! Et pour ce qui est de notre avenir : on nous trouvera difficilement sur les traces de ces jeunes égyptiens qui troublent nuitamment l’ordre des temples, qui embrassent des statues et tiennent absolument à dévoiler, à découvrir, à mettre en plein jour ce qui est gardé secret pour de bonnes raisons.

 

Non, ce mauvais goût, cette volonté de vérité, de la " vérité à tout prix ", ce délire juvénile dans l’amour de la vérité – nous l’avons désormais en exécration : nous sommes trop aguerris, trop graves, trop joyeux, trop éprouvés par le feu, trop profonds pour cela . . . Nous ne croyons plus que la vérité soit encore la vérité dès qu’on lui retire son voile : nous avons trop vécu pour croire cela.

 

Aujourd’hui c’est pour nous une affaire de convenance qu’on ne saurait voir toute chose mise à nu, ni assister à toute opération ni vouloir tout comprendre et tout " savoir ".

 

Nietzsche. Préface de la deuxième édition. Le gai savoir.

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