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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Ouspensky, Gurdjieff et les Fragments d'un Enseignement inconnu

Publié par konrad sur 8 Octobre 2010, 08:35am

Catégories : #Pensées originales.

On ne saurait être "complet" sur Gurdjieff et le "travail ésotérique" sans mettre ce long "fragment" qui est un point de vue éclairant sur le sujet dans ce contexte particulier.

 

Parler d’Ouspensky c’est parler de Gurdjieff. Et parler de Gurdjieff et d’Ouspensky, c’est parler de la Tradition ésotérique qui, sous forme fragmentaire, fut divulguée par l’un avec une aide substantielle de l’autre (1). 

 

La grande difficulté de toucher aux problèmes ésotériques consiste en ce que notre civilisation, analytique par excellence, avec sa spécialisation étendue à l’infini, est parvenue à créer une élite très cultivée, mais avec cette particularité qu’en général, l’intellectuel ne possède qu’une parcelle infime de notre Savoir.

Fin spécialiste dans sa branche, il n’a que des notions sommaires du reste.

Or, comme ce reste embrasse l’ensemble de la vie qui devient de plus en plus complexe et fiévreuse - et qu’il faut affronter à tout instant - parallèlement au morcellement de la Connaissance, on a créé tout un système de " boutons " afin que les pressant, l’individu obtienne les effets voulus sans passer par l’étude et le travail. En payant ce qu’il faut, bien entendu. 

 

Ainsi, l’art de vivre se résume actuellement à l’acquisition des connaissances approfondies dans un secteur étroit de l’Ensemble — ce qui donne déjà accès à la fortune et aux honneurs, et, pour le reste — à l’utilisation habile du système des " boutons " répondant à tous nos besoins.

Certes, il en allait ainsi au temps même des Grecs et des Romains, mais comme le monde antique ne connaissait pas la spécialisation à outrance, le secteur des " boutons " y était minime alors que celui des connaissances approfondies embrassait la quasi-totalité du Savoir de l’époque. 

 

Le système de spécialisation qui, dans les études comme dans la réalisation n’est en fait qu’un partage judicieux du travail, a permis les merveilles du progrès.

Mais, en contrepartie, il a déshabitué l’homme de penser en profondeur, sauf dans sa branche. 

 

A son tour, cela conduisit à la formation déséquilibrée de l’homme d’élite contemporain: à côté de l’esprit critique très poussé, dans son subconscient se développa une crédulité insoupçonnée en ce qui déborde sa spécialité et les domaines avoisinants. 

 

Cependant, l’étude de la Tradition ésotérique — et la conquête des objectifs qu’elle poursuit — exigent, de par leur nature, une prudente circonspection et surtout une pensée en profondeur.

Rien ne peut y être obtenu en pressant des " boutons ".

Au contraire, cette crédulité avec laquelle, par exemple, nous composons le numéro de téléphone étant sûrs d’avoir aussitôt notre correspondant au bout du fil, appliquée aux études ésotériques, est grosse des pires dangers. 

 

L’esprit critique, le discernement et le sain jugement du bon sens sont requis ici encore davantage que dans les études scientifiques positives.

C’est parce que dans ces dernières, somme toute, le risque n’est pas grand.

Il est limité par le simple insuccès, l’objet d’études étant toujours extérieur à l’étudiant.

Par contre, dans les études ésotériques, l’étudiant et l’objet de ses études ne font plus qu’un.

Alors que la philosophie positive étudie l’homme sous son aspect abstrait, la philosophie ésotérique étudie l’homme donné, notamment celui-là même qui aborde les études.

La méthode de l’introspection pratiquée dans toutes les écoles ésotériques, ainsi que les exercices qui s’ensuivent portent immanquablement — et dès le début — une atteinte à la Personnalité de l’étudiant.

Car c’est sur sa propre personnalité et non pas sur celle des autres ou sur des notions théoriques, qu’il est appelé à porter ses efforts — précisément en vue de sa transformation.

Un homme méchant ou cruel peut faire, disons, une découverte scientifique.

En matière ésotérique cela est impossible. Parce que, avant d’aborder le travail constructif, l’étudiant doit obligatoirement discipliner, puis équilibrer son psychisme, c’est-à-dire sa propre personnalité. 

 

Cela ne présente aucun danger si le travail se fait correctement et est mené à bien.

Mais abandonné à mi-chemin ou conduit sous la direction d’un professeur incompétent, ou, pire encore, intéressé, cela peut conduire à des catastrophes.

Une dissolution de la Personnalité — tel habituellement est le résultat.

Malaise, dépression morale, pessimisme noir, manie de la persécution sont les symptômes de cette dissolution progressive. Dans des cas plus graves, cela peut conduire à un déséquilibre total allant jusqu’à la négation de Soi, ce qui ouvre le chemin vers le suicide. 

* * * 

L’analyse critique qui constitue la méthode de base de la science positive, fait également celle des études ésotériques.

De sorte que la valeur scientifique de ces deux branches du savoir est absolument égale. Toutefois, il y a une différence d’application qui doit être signalée. 

 

Dans la science positive, un postulat peut être exposé et démontré publiquement parce que l’objet d’étude du savant ne fait pas un avec lui-même.

Soumis à une sévère analyse critique par d’autres savants, sa thèse n’est admise par la science que lorsqu’elle a soutenu l’épreuve et n’a pas pu être rejetée.

Dans les études ésotériques, la partie essentielle du travail se produit introspectivement dans le monde intérieur du chercheur.

Et comme celui-ci et l’objet de ses recherches ne font qu’un, il est matériellement impossible de soumettre ses expériences intérieures à une démonstration académique. 

 

Cependant, lorsqu’en matière ésotérique on propose aux étudiants des postulats, on ne leur demande nullement de les accepter sur parole.

Au contraire, on les engage instamment à fuir toute tendance à la crédulité.

Mais étant donné que l’objet de leurs études appartient à leur monde intérieur — et comme, d’autre part, la nature de ces études, en grande partie les mène vers le nouveau, c’est-à-dire vers l’inconnu, on leur recommande de ne pas chercher d’emblée à démolir les postulats proposés pour les accepter ensuite, mais de chercher à s’y appuyer et à les confirmer par leur propre expérience, selon les méthodes indiquées.

Et si en les appliquant consciencieusement et avec assiduité, ils ne parviennent pas aux résultats énoncés, alors ils auront le droit de les rejeter. 

 

L’esprit critique est donc requis dans les études ésotériques au même titre que dans les études positives.

Mais tandis que celles-ci, partant du centre, par le rayonnement de la spécialisation cherchent à atteindre la circonférence dans tous ses points, celles-là, partant de la périphérie, tendent à gagner le centre. 

 

Il nous semble utile d’exposer ces quelques notions élémentaires afin de faciliter au lecteur qui ne serait pas familier avec cette matière, l’intelligence de la présente étude ayant pour objet: Ouspensky, Gurdjieff et les Fragments d’un enseignement inconnu. 

 

Lorsque, en 1951, je reçu le volume des Fragments d’un enseignement inconnu (2), j’éprouvai un sentiment mélangé.

Autrefois, j’étais intime avec Ouspensky.

Notre amitié avait pour base l’esprit de recherches qui nous animait tous les deux.

En 1920-21, à Constantinople, j’ai assisté à ses conférences publiques, et c’est là qu’il m’a mis en rapport avec G.I. Gurdjieff.

Là également j’ai pris connaissance du système dont ce dernier était le porte-parole; avec Ouspensky, nous l’avons discuté tant à Constantinople que plus tard à Paris et à Londres. 

 

Installé depuis 1921 en Angleterre, Ouspensky rédigeait ses Fragments.

Il les écrivit en russe. Plus tard, il en confia la traduction à la baronne O.A. Rausch de Traubenberg, installée à Paris, et il me demanda de la contrôler.

Ce travail avançait lentement au cours des années 1924 et suivantes — jusqu’au décès de Mme Rausch, morte de phtisie dans l’été 1928.

Outre le contrôle de la traduction, Ouspensky me priait de lui communiquer mes objections critiques quant au fond. Je le fis volontiers, en partie dans mes lettres, mais surtout au cours de longs échanges de vues lorsqu’il venait de Londres à Paris. 

 

Si je m’occupais de son manuscrit, c’était d’une part pour lui rendre service, lui-même ne sachant pas bien le français; d’autre part, cela me donnait l’occasion de discuter avec lui tous les éléments du système.

Or, nous n’étions pas toujours d’accord sur l’interprétation de certains de ses aspects, parfois sur leur sens profond.

Toutefois, cela ne portait pas atteinte à notre amitié, nos discussions étant placées sous l’égide du principe: Amicus Plato, sed magis arnica veritas. 

* * * 

Ma dernière rencontre avec Ouspensky eut lieu en mai 1937 lorsque je suis allé le voir à Londres, — plus précisément au château de Lyne, non loin de la capitale, où il était installé avec ses disciples. Nous parlâmes, naturellement, des Fragments. 

 

J’étais hostile à leur publication. Il me semblait que la doctrine ésotérique, de par sa nature même, échappe à un exposé détaillé par écrit.

C’est pour cette raison sans doute que l’apôtre St-Jean disait:... Si l’on écrivait en détail, je pense que le monde entier ne pourrait contenir les livres qu’on écrirait (3). 

 

Il faut dire qu’Ouspensky s’en rendait compte. Et il finit par partager ma manière de voir. La preuve en est qu’il n’a pas publié les Fragments bien que le texte fût achevé quelque vingt ans avant sa mort. 

 

Il y avait encore d’autres raisons à mon attitude négative.

Ouspensky — et à plus forte raison son entourage — ne faisait pas de distinction nette entre le message et le messager.

Cela ne veut pas dire qu’il n’en ait pas eu l’idée.

Il en parle dans ses Fragments, quoiqu’en des termes qui trahissent sa faiblesse (4).

Si, en 1924, après huit ans de travail avec Gurdjieff, il s’était séparé de lui, ce ne fut qu’une " séparation de corps ", non pas un divorce en bonne et due forme.

Ouspensky plaçait le messager, c’est-à-dire Gurdjieff, au centre d’événements dont le tourbillon l’emportait.

Si bien qu’encore à Constantinople, en 1921, il le comparait à Socrate, laissant entendre que son rôle était celui de Platon.

Or, Socrate fut un héros; et Gurdjieff était un bon-vivant. 

 

Il ne faut toutefois pas minimiser son mérite.

On n’oubliera pas que Gurdjieff apporta son message en n’étant qu’un primaire, mais sans tomber dans des contradictions importantes avec lui-même.

On mesurera l’étendue de son effort, en rappelant qu’Ouspensky, philosophe et écrivain de talent, mit au moins une dizaine d’années pour l’exposer et une décennie de plus pour les corrections et les rectifications nécessaires. 

 

Cependant, journaliste de métier, — et le premier métier laisse toujours une empreinte pour la vie —, sans s’en rendre compte, il communiqua aux Fragments le caractère d’un reportage conçu à la mode du XXe siècle, c’est-à-dire avec une forte nuance personnelle. Somme toute, les Fragments ne sont autre chose que " Gurdjieff vu par Ouspensky ". 

 

Or, l’essentiel était de transplanter le message dans le sol qui lui était propre afin qu’il pût étendre ses racines et porter des fruits. 

 

Bientôt il m’apparut clairement que, pour cela, il aurait fallu placer le message dans son contexte historique, et je me rendis compte que, sans cette condition, il était condamné à demeurer lettre morte. Pire encore, à engendrer de dangereuses déviations. 

 

Ce qui empêchait Ouspensky de prendre vis-à-vis de Gurdjieff une position claire, c’est-à-dire de s’occuper du message en laissant le messager à son aventure, avec ses qualités et défauts, c’est qu’il se trouvait sous une forte influence personnelle de celui-ci. 

 

Il n’a pu résister à cette influence pour plusieurs raisons.

D’abord à cause de son caractère.

Charmant — quoique sujet à des emportements — aimable, très habile dans la dialectique, ce n’était pas un homme fort.

Et puis c’était un autodidacte. Il n’avait même pas achevé son instruction secondaire. Plein d’idées, cœur tendre, écrivain de talent, il n’était pas protégé intérieurement, par cette précieuse armure qui est la méthode scientifique.

Tout en lui était flottant, donc ouvert à des influences extérieures.

Et il fut très isolé dans la vie qui ne lui épargna pas les-déboires (5).

Gurdjieff, par contre, quoique d’horizon limité, fut un homme de caractère ferme.

Il s’imposa à Ouspensky. 

 

Celui-ci aspirait au merveilleux (6), et, dans sa crédulité un peu naïve, pensait toujours que derrière les idées, les postulats et les schémas — qui dans leur ensemble constituaient le message — il y avait encore une réserve inépuisable de toutes sortes de merveilles qu’il fallait cependant, comme il disait, " savoir tirer " de Gurdjieff.

Or, comme on le verra plus loin, il n’y avait que du creux. Et de la " magie ". 

 

Ouspensky aspirait aux " faits " (7). Et, malgré quelques sautes d’humeur, il attendait ces faits de Gurdjieff avec une foi toute pure, toute naïve.

Ainsi il se trouvait bien préparé à des suggestions hypnotiques, ce qui permit précisément à Gurdjieff de lui fournir les " faits voulus ".

Et, par là, de river Ouspensky, pour plusieurs années à sa personne et de se servir de lui. Il lui était très utile — surtout pour trouver les fonds nécessaires à ses " Instituts " (8).

On peut même dire sans exagération que, sans Ouspensky, la carrière de Gurdjieff en Occident n’eût pas dépassé probablement le stade des entretiens sans fin dans des cafés. 

 

L’empire de Gurdjieff sur Ouspensky fut dès le début calculé et savamment établi. Ouspensky raconte dans les Fragments (9) comment il l’avait attiré vers lui, puis consolidé ce lien. 

 

On sait qu’un individu normal et sain, s’il ne veut pas être hypnotisé, peut facilement résister aux efforts de l’hypnotiseur.

C’est pourquoi, les hypnotiseurs professionnels cherchent à créer d’abord une " atmosphère ".

Pour Gurdjieff — dans le cas d’Ouspensky, c’était d’autant plus facile que celui-ci, on le sait déjà, aspirait aux " faits " et cherchait le " merveilleux " avec toute la force virginale de sa crédulité ingénue, encore que lui-même se croyait très réaliste. 

 

L’emprise fut établie sur lui déjà à Moscou — puis en Finlande — et d’une façon si forte que plusieurs années après, lorsqu’il rédigeait les Fragments, il racontait tout bonnement comment Gurdjieff lui disait, à lui, auteur d’un traité remarquable de Tertiu Organum (10) qu’il ne comprenait pas ce qu’il avait écrit (11). 

 

On sait que lorsque la volonté de l’hypnotiseur est, pour ainsi dire, embrassée par le désir du patient, il est quasi impossible à un tiers de le déshypnotiser.

Si bien qu’il était inutile d’essayer de démontrer à Ouspensky tout le ridicule d’une telle affirmation, sans parler de son insolence.

L’hypnose exerçait ses redoutables effets. Les arguments du simple bon sens n’avaient pour lui dans ce cas, aucune valeur.

Il s’irritait et disait que c’était moi qui n’y comprenais rien... Il ne savait pas — ce qui est paradoxal — qu’aucune connaissance supérieure ne va jamais à l’encontre du bon sens. 

 

Un jour nous nous trouvions, Ouspensky et moi à dîner chez Mme O.A. Rausch.

Au sortir de table, le fils de la baronne, garçonnet de douze ans, s’approcha avec son album et demanda que nous y écrivions quelque chose.

Il me tendit son album en premier.

J’y écrivis ceci: Quoiqu’il t’arrive dans la vie, ne perds jamais de vue que deux fois deux font quatre.

Je passai l’album à Ouspensky.

Il écrivait sous ma sentence: Quoiqu’il t’arrive dans la vie, ne perds pas de vue que deux fois deux ne font jamais quatre... 

Boutade? — Certes ! — Mais sous l’aspect qui nous intéresse pour l’instant, Ouspensky s’y trouve tout entier. 

Il sourit et me jeta un regard malicieux. Alek lut ce que nous avions écrit, montra l’album à sa mère, puis le ferma et se retira dans sa chambre après nous avoir souhaité une bonne nuit.

Sa mère qui connaissait fort bien Ouspensky, haussa légèrement les épaules, nous regarda l’un après l’autre et dit: 

— Eh bien! — dans vos maximes, je vous reconnais parfaitement tous deux. 

* * * 

Pour Gurdjieff, Ouspensky, comme d’ailleurs le système, était un moyen d’attirer à lui des gens sur lesquels il exerçait ensuite son influence directe.

Ouspensky n’était pas le seul; d’autres personnes après lui jouaient encore le rôle de rabatteurs.

Mais au temps où je faisais mes observations, Ouspensky fut sans conteste, la figure principale. 

 

Sur les gens qui tombaient dans son orbite, Gurdjieff exerçait son influence d’une manière très simple, voire brutale.

Le contenu du message mis à part, ce fut ce qu’il appelait le Travail.

Ce " travail ", abstraction faite des " conversations " et des " exercices ", consistait à persuader ses disciples qu’ils étaient littéralement zéro en chiffre.

Il leur disait sans ambage — et en face —, à chacun d’entre eux — qu’ils n’étaient ni plus, ni moins que de l’ordure.

Et les gens acceptaient cela. On m’a rapporté que, dans la dernière période, lorsqu’il avait déjà quitté Fontainebleau-Avon, pour Paris, il accentua ses expressions encore davantage, disant aux gens qui l’approchaient dans l’espoir d’y trouver une révélation, qu’ils n’étaient en fait qu’une simple " merdité ". 

 

Il ne faut toutefois pas trop s’étonner de ces faits. Sans parler de Cagliostro, l’histoire de " Maître Philippe " et celle de Raspoutine à la Cour de Russie nous fournissent des exemples encore plus frappants.

Et il ne faut pas non plus croire que c’étaient des phénomènes spécifiquement russes, propres à la soi-disant " âme slave ".

D’ailleurs, le " Maître Philippe " était un Français; et si Raspoutine fut un Russe, on n’oubliera pas que la famille impériale était de pur sang allemand. Les ducs de Holstein Gottorp, au cours d’un siècle et demi de règne en Russie, prenaient pour impératrices des princesses allemandes; aussi la Cour de Russie — leur entourage — finit par être fortement germanisée.

Pourtant Raspoutine, paysan peu lettré, exerça sur l’impératrice, née Alice de Darmstadt, et sur Nicolas II, une influence décisive.

Cette influence tenait sous son empire non seulement les courtisans, mais également plusieurs ministres, les hommes d’État, les députés faisant antichambre... 

 

Quel était le but poursuivi par Gurdjieff? — Personne ne l’a su.

Il est aussi difficile de le dégager de ses actes que celui de Raspoutine.

Ouspensky racontait — il le dit dans les Fragments — qu’au début il avait posé la question, à quoi Gurdjieff répondit: 

 

— J’ai certainement un but, mais vous me permettez de ne pas en parler.

Car mon but ne peut encore rien signifier pour vous.

Pour vous, ce qui compte maintenant, c’est que vous puissez définir votre propre but. Quant à l’enseignement même, il ne saurait avoir un but.

Il ne fait qu’indiquer aux hommes le meilleur moyen d’atteindre leur but, quel qu’il soit (12). 

* * * 

Une autre question surgit tout naturellement: où a-t-il pris le contenu du message, ce système, comme nous disions, et qui porte en lui les traces incontestables d’une antique sagesse.

Ouspensky, hanté par l’idée des écoles ésotériques dont il se faisait une représentation très personnelle — et qu’il allait chercher en " Orient ", sans succès bien entendu, — croyait que Gurdjieff savait tout à peu près, lui demanda un jour de l’éclairer sur ce sujet.

Voici ce qu’il en obtint: 

- Aujourd’hui, lui dit Gurdjieff, en Orient vous ne trouverez que des écoles spécialisées; il n’y a pas d’écoles générales.

Chaque maître ou guru, est un spécialiste en quelque matière.

L’un est astronome, l’autre sculpteur, le troisième musicien, et les élèves doivent étudier avant tout la matière qui est la spécialité de leur maître, après quoi ils passent à une autre matière et ainsi de suite.

Cela prendrait un millier d’années pour tout étudier. 

- Mais vous, comment avez-vous étudié?

- Je n’étais pas seul. Il y avait toutes sortes de spécialistes parmi nous.

Chacun étudiait selon les méthodes de sa science particulière. Après quoi, lorsque nous nous réunissions, nous nous faisions part des résultats que nous avions obtenu.

- Et où sont maintenant vos compagnons?

Gurdjieff, continue le récit d’Ouspensky, demeura silencieux, puis, regardant au loin, il dit lentement:

- Quelques-uns sont morts, d’autres poursuivent leurs travaux, d’autres sont cloîtrés.

 

Cette expression, poursuit Ouspensky, de la langue monastique, entendue dans un moment où je m’y attendais si peu, me fit éprouver un sentiment de gêne étrange.

Et soudain je me rendis compte que Gurdjieff menait un certain jeu avec moi, comme s’il essayait délibérément de me jeter de temps à autre un mot qui pût m’intéresser et orienter mes pensées dans une direction définie (13).

Lorsque j’essayais de lui demander plus nettement où il avait trouvé ce qu’il savait, à quelle source il avait puisé ses connaissances, et jusqu’où elles s’étendaient, il ne me donnait pas de réponse directe (14).

* * *

En matière ésotérique, le mensonge ne peut pas couvrir et, en fait, ne couvre pas la totalité des relations humaines possibles.

Il y a des secteurs où personne ne peut mentir. Ou, du moins, mentir intégralement.

La dernière question posée par Ouspensky appartenait à ce secteur.

Mais il ne connaissait pas cette loi, et pour cela certainement, n’a pas su non plus poser la question comme il le fallait.

Un jour, assis avec Gurdjieff au Café de la Paix sur les Grands Boulevards à Paris, je lui ai dit, à brûle-pourpoint:

— Je trouve le système à la base de la doctrine chrétienne. Que dites-vous à ce sujet ?

— C’est l’ABC, me répondit-il. Mais eux, ils ne le comprennent point !

— Ce système est-il à vous ?

— Non...

— Où l’avez-vous trouvé ? — Où l’avez-vous pris?

— Peut-être l’ai-je volé... (15).

 

Il faut dire — pour mieux comprendre mes relations avec Gurdjieff — que j’occupais vis-à-vis de lui une position un peu spéciale.

J’ai eu des contacts avec lui à Constantinople, Fontainebleau et à Paris, mais je n’ai jamais fait partie de ses " Instituts "; autrement dit je ne me suis jamais trouvé sous sa dépendance, quelle qu’elle fût.

Ainsi, je me trouvais hors de la zone de son influence personnelle qui dominait son entourage immédiat. Et — il faut que le lecteur le sache — l’influence hypnotique, comme toute influence de la nature, est inversement proportionnelle au carré de la distance. Distance physique et psychique ou l’une ou l’autre.

Or, les effets de cette influence de Gurdjieff sur son entourage immédiat étaient visibles.

Il pouvait proposer à ses disciples n’importe quelle absurdité, voire même monstruosité, sûr d’avance qu’elle serait acceptée avec enthousiasme comme une révélation.

Dans l’état psychologique ainsi créé, les gens ne raisonnaient plus.

Tout était bon, parce qu’ainsi parlait Zarathustra (16).

 

Ils ignoraient que c’était une méthode.

Méthode bien connue partout en Orient où on cherche parfois à envelopper l’enseignement tendant vers la vérité d’une gaine de scandales et des contradictions les plus choquants.

Ceci dans le but final de trouver une résistance ; et dans le but immédiat de placer le disciple entre lés deux groupes de forces : d’attraction et de répulsion ; de provoquer ainsi en lui une inquiétude et, par là, la lutte intérieure la plus intense possible d’affirmations et de négations, ce frottement du langage technique appelé à engendrer la chaleur pour finir par allumer le feu (17).

Car, dit la doctrine chrétienne, le chemin vers la vérité passe par les doutes.

En faisant ainsi multiplier les doutes dans l’esprit et le cœur de l’étudiant, on lui offre l’occasion de franchir plus rapidement l’étape préliminaire.

 

Cette méthode très efficace et dont les traces et les allusions se retrouvent aussi bien dans les évangiles que chez les apôtres et les docteurs de l’Église oecuménique, a cependant cet inconvénient qu’appliquée avec excès, elle désaxe complètement les gens.

En Orient on ne s’en fait pas beaucoup de scrupules; on y considère généralement les désaxés comme une sorte de déchet de fabrication.

Car, dit-on, notre vie n’est pas nous-mêmes et ne nous appartient pas; elle nous est prêtée précisément pour cette expérience majeure, et si elle n’a pas réussi, tant pis.

La parabole des talents ne le dit-elle pas explicitement ? (18).

 

Il faut dire aussi que tout en créant autour de lui — et avec beaucoup de savoir faire — une telle atmosphère, Gurdjieff lui-même donnait des avertissements.

Il répétait avec malice que les gens aspirent à être dupes et qu’ils aiment croire à des légendes fabriquées par eux-mêmes.

Cependant, ces avertissements demeuraient sans effet.

Les uns n’y voyaient que des plaisanteries du maître ; les autres, tout en prenant ces maximes au sérieux, les appliquaient à leurs voisins; les troisièmes disaient qu’il fallait les prendre au sens supérieur...

 

On comprendra aisément que lorsqu’un homme du dehors, comme moi, essayait d’élever la voix contre l’idolâtrie qui finissait par faire de Gurdjieff une sorte de Cagliostro ou de Raspoutine, on me regardait avec condescendance, voire avec compassion.

* * *

Dès le début, il m’a paru évident que pour que ce système pût être apporté à Moscou et à Pétrograd, il avait fallu qu’il passât par un long chemin historique — par des centres laïcs et religieux de l’Égypte, de la Grèce antique et de l’Asie Antérieure, pour se réfugier enfin au sein de l’Orthodoxie orientale sur le sol de la Russie — dernière survivante du monde antique disparu.

D’ailleurs, telles étaient les quelques indications qui m’étaient parvenues des recherches faites dans ce domaine au cours des deuxième et troisième quarts du XIXe siècle par André Mouravieff qui consacra une grande partie de sa vie à des voyages dans le Proche Orient.

Il fréquentait l’Égypte, les Lieux Saints, l’Asie Mineure, alla jusqu’en Arménie, au Kurdistan — à la recherche des anciens manuscrits et des anciennes traditions.

Chambellan à la Cour impériale, Membre du Saint-Synode, il fonda au Mont-Athos le couvent de Saint-André avec une hôtellerie à Constantinople à l’intention des pélerins. Mort à Kiev en 1874, il légua à ses disciples préférés la mission de continuer les recherches dans la région de Kars, des lacs Ourmiah et Van, pour aller ensuite dans l’Azerbaidjan persan, puis en Asie Centrale (19).

 

Compte tenu de cela, et poursuivant mes propres recherches ainsi que des études comparatives des éléments originaux de la culture russe avec les sources de l’Orthodoxie orientale, je suis finalement arrivé à placer le message apporté par Gurdjieff dans son contexte historique.

Mais pour cela, j’étais obligé de remonter aux anciennes croyances slaves, préchrétiennes, d’établir leur rapport avec celles des Scythes, des anciens Indiens et anciens Égyptiens ; d’étudier des monuments tels que la Philocalie, de reprendre l’étude des textes des évangiles avec des clefs ainsi obtenues, enfin, le Psaume CXVIII du roi David qui, sous une forme compacte, renferme ce même système.

 

Résultat de ces recherches, le message ne se présentait plus, pour moi, comme un monceau de " fragments ", ni comme un " enseignement inconnu ".

Placé dans son cadre historique et sur le sol qui lui est propre, il perdit son caractère sensationnel et son goût " exotique " — pour apparaître comme un fond de symboles, de paraboles et de diverses allusions répandues partout et connues de tous.

Et, d’autre part, comme base des anciennes croyances des Slaves et des Scythes qui se retrouvent dans les traditions de l’Orthodoxie byzantin-russe.

J’ai pu établir également que, dans le haut moyen âge, les, " fragments " avaient été connus aussi en Occident, hérités probablement, comme en Orient, des enseignements ésotériques du monde antique à travers le christianisme primitif.

Certaines traces en existent toujours; elles constituent le fil conducteur qui attend des explorateurs.

III

La mort de Katherine Mansfield à l’" Institut " (20) produisit sur Ouspensky une forte impression et le détermina à rompre avec Gurdieff.

Mais une impression encore plus forte lui vint de l’accident d’automobile survenu à Gurdjieff au croisement des routes nationales de Paris à Fontainebleau (N° 7) et de Versailles — Choisy-le-Roi (N° 168).

Gurdjieff rentrait de Paris au Prieuré tout seul en voiture, dans la nuit.

On ne sait pas la cause immédiate de cet accident ; mais le fait est qu’à une vitesse dépassant soixante à l’heure, il se jeta droit contre le tronc d’un arbre et fut grièvement blessé.

Instruit de cela, quelques jours après, Ouspensky vint de Londres à Paris; et, tous les deux, nous allâmes sur les lieux de la catastrophe.

Abattu, écrasé, après un silence prolongé, il me dit:

— J’ai peur... C’est effroyable... L’Institut de Georges Ivanovitch fut créé pour échapper à l’influence de la loi du hasard sous laquelle on passe sa vie.

Eh bien, voici que lui-même est tombé sous l’empire de cette même loi...

Et il poursuivit:

— Je me demande encore si c’est vraiment un, pur hasard? — Gurdjieff faisait toujours bon marché de la probité comme de la personnalité humaine en général.

N’a-t-il pas dépassé la mesure? — Je vous le dis, j’ai terriblement peur !

Silencieux, nous avons repris la route.

A Fontainebleau nous nous sommes installés dans un restaurant pour déjeûner.

Il m’a prié de téléphoner au Prieuré (21) pour demander à l’appareil sa belle-fille qui faisait partie des " philosophes de la forêt ". Mais elle n’était pas là.

Au cours du déjeûner, Ouspensky revint à plus d’une reprise à la question de la valeur réelle de la probité.

Visiblement, le problème constituait pour lui une sorte de point tournant. Et, à la suite d’associations, pour moi insondables, il liait la question de la probité à l’accident survenu à Gurdjieff.

 

Cependant, nous l’avons dit, Ouspensky ne rompit avec Gurdjieff que, pour ainsi dire, physiquement.

Et, après cela, il n’aimait pas revenir, du moins dans ses conversations avec moi, à l’analyse du " phénomène Gurdjieff ".

Après quelques dérobades, je lui ai posé droit la question: pourquoi évitait-il cette sorte d’entretien qui, à mon avis, pouvait être instructif et d’où on pourrait tirer du moins une leçon.

C’était le soir, tard, dans un bar de Montmartre où Ouspensky avait voulu terminer la soirée après un bon dîner dans un restaurant, place Saint-Michel.

Soudain, son expression changea. J’eus l’impression que devant moi se trouvait un autre homme, et non plus celui avec qui j’avais passé toute une soirée agréable dans des conversations très intéressantes.

Il se retourna brusquement vers moi et dit d’un ton étrange:

— Imaginez que quelqu’un de la famille ait commis un délit. Dans la famille, on n’en parlera pas !

C’était mon tour d’être effrayé. J’ai senti qu’Ouspensky ne pouvait pas traiter ces questions.

Il se heurtait en lui-même à une interdiction lorsqu’il les touchait.

Effet hypnotique? — Je le répète, à ce moment j’ai eu le frisson dans le dos.

* * *

Il était clair que tout en se distançant de Gurdjieff, Ouspensky demeurait toujours lié à lui, et que ce lien lui avait été imposé.

Et, une fois de plus, j’ai pensé que ce curieux phénomène, outre les particularités de son caractère, était dû à ce qu’Ouspensky n’avait pas eu en lui ce fondement solide que nous donne la formation académique.

La méthode de la science positive, quelque peu différemment appliquée — on l’a vu —, demeure en pleine vigueur dans les recherches ésotériques, et constitue la seule garantie pour un intellectuel, lorsqu’il aborde cette sorte d’études.

Ce qui précisément manquait à Ouspensky.

Son épouse — type humain beaucoup plus volontaire, surtout plus autoritaire que son mari, était une fervente disciple de Gurdjieff — avant et après la rupture.

Elle appartenait au groupe d’instructeurs : formés par ce dernier.

Ces instructeurs produisaient une étrange impression.

J’ai eu le privilège de les approcher en venant du dehors, et, au surplus, à de longs intervalles, pendant lesquels ils oubliaient, certes, ce qu’ils m’avaient dit.

 

En matière de travail, c’était toujours le même refrain, calqué sur la formule du maître. Sans s’en rendre compte, ils prenaient parfois même un peu l’accent caucasien de Gurdjieff, en imitant sa manière de s’exprimer, d’exposer et de s’imposer.

— Venu ici, disaient-ils, l’air condescendant, vous tombez dans une ambiance qui vous rend transparent.

Vous êtes là comme si, tout nu, vous étiez placé sous une cloche de verre.

Nous pouvons vous observer de tous côtés et sur tous les points !

Des années après, cette histoire de la " cloche de verre " revenait toujours sur le tapis.

Avec le même sourire, les mêmes expressions, les mêmes gestes.

Comme des robots à l’intérieur desquels tournaient des disques enregistrés une fois pour toutes (22).

 

Ils dormaient d’un sommeil hypnotique profond tout en se croyant éveillés.

C’est la volonté du maître qui agissait en eux en leur faisant prononcer la leçon apprise par cœur...

— Lorsque j’ai vu Georges Ivanovitch pour la première fois, me contait en 1937, à Lyne, Ouspenskaya — peut-être pour la dixième fois depuis Constantinople (1921), je lui ai dit: " Georges Ivanovitch, je vois en vous quelque chose de grand ! "

Même phrase, mêmes intonations, mêmes gestes, même sourire toujours condescendant...

* * *

Ce qui déroutait les gens, c’est que ces paroles étaient justes.

Les études ésotériques correctement conduites, mettent bientôt en évidence toute la mécanicité de notre psychisme, l’absence en nous du Moi stable et permanent, l’impossibilité pour nous, tels que nous sommes, de faire quelque chose ; car tout nous arrive.

Seulement, paroles et actes, paraître et être — ce n’est pas la même chose.

 

Il faut encore, tout verbiage et " disques " mis à part, déployer des efforts considérables, permanents et surtout conscients afin de se reconnaître d’abord, puis de vaincre cette mécanicité humaine pour devenir un homme consistant, maître de soi.

 

Or, chez Gurdjieff, ou plutôt dans son entourage, ces idées bien connues dans les écoles ésotériques, et notamment dans la Tradition ésotérique de l’orthodoxie orientale, prenaient des nuances malsaines : non plus celles relatives à un objet d’études et de recherches en profondeur en vue de trouver — si possible — une issue à ce labyrinthe de notre personnalité, tissu de mensonges et de contradictions les plus extravagantes, mais celles d’un moyen, si je puis dire, brutal.

Calculé pour faire perdre aux novices le peu qui leur restait encore de libre arbitre et de reflets de la conscience, soit le simple bon sens.

 

Quant à Gurdjieff, il comptait seulement, avec les gens qui pouvaient lui opposer résistance.

Il les estimait. Pour les autres, il nourissait un profond mépris — y compris pour ses instructeurs-automates.

Surtout pour ceux qui vivaient auprès de lui en qualité de " travailleurs ", c’est-à-dire qui étaient logés, nourris, blanchis à ses dépens.

Aussi, parmi les gens que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans ces " Instituts " soit à Constantinople, soit à Fontainebleau, je n’ai pas vu de personnes qui, compte tenu de ce qui précède, fussent suffisamment préparées.

Ouspensky seul fut, certes, préparé ; mais pour les raisons plus haut exposées, il fut neutralisé.

 

L’impression produite par Gurdjieff sur Ouspensky — et l’empreinte qu’elle laissa sur lui pour la vie — est due aussi à ce qu’il prit connaissance du message ; n’étant toutefois pas apte à le recevoir correctement.

Ce message n’était pas celui de Gurdjieff qui d’ailleurs ne le prétendit jamais.

Il faisait partie de la Tradition ésotérique qui s’est conservée notamment, dans l’Orthodoxie orientale et qui remonte à l’ancienne Égypte, et par là, à des temps immémoriaux.

Ouspensky connaissait passablement l’évangile, mais il connaissait mal la Doctrine, c’est-à-dire l’ensemble des commentaires laissés par les docteurs de l’Église œcuménique.

Et autant que je sache, il n’a jamais été initié à la Tradition orale, autrement que par Gurdjieff.

Fortement impressionné, il n’avait pourtant pas de point de repère autre que celui-là, ce qui le privait de la possibilité de faire des recoupements.

Et il s’y précipita tête baissée, le message étant confondu dans son esprit avec le messager.

 

Gardons-nous, toutefois, de conclusions par trop simplistes.

La matière est subtile et exige un fin discernement.

Rappelons-nous qu’une autorité telle que Jean Climaque (23) disait : Si tu vois dans ton guide, en tant qu’homme, des défauts, ne t’accroche pas à cela; suis ses préceptes, car autrement tu n’apprendras rien.

Il faut donc être prudent dans nos jugements.

 

Boris Mouravieff.

 

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