Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Rencontre du n'ième type.

Publié par konrad sur 1 Septembre 2010, 20:48pm

Catégories : #Ma prose en 2010

 

Tout en marchant je jette un coup d’œil aux alentours afin de voir si par hasard il n’y aurait pas un coin agréable pour le bivouac.

Le jour décline, le soleil a disparu derrière la montagne et mes jambes sont lourdes d’avoir marché depuis tôt ce matin.

L’endroit que je cherche je le déniche à l’instinct ; il faut qu’il soit, autant que possible, discret, plat, pas trop encombré de végétation, ni trop humide, en un mot : accueillant.

Tant que je ne l’ai pas trouvé, je poursuis, parfois jusqu’à la nuit tombée.

 

J’aperçois sur un talus ce qui pourrait être mon havre pour la nuit.

J’y grimpe en quelques enjambées, il s’agit d’une petite clairière dégagée avec quelques arbustes dans un coin vers lesquels je me dirige.

J’inspecte du regard le paysage, je teste du pied la qualité du sol, parfait pour cette nuit.

Je sors l’abri, le monte, et en quelques minutes me voilà installé.

Ensuite je déballe le reste : le réchaud, la popote, de quoi me faire un repas chaud.

Tandis que je prépare mon diner je vois arriver de nulle part un troupeau de vaches.

Elles dévalent une pente douce à quelques centaines de mètres et se répandent sur le plateau comme une eau qui se déverse dans son embouchure.

Elles prennent place, elles aussi, à leur diner.

 

Assis, le corps fourbu et la tête pleine des beautés traversées, je contemple rêveusement la scène.

Le ciel est sans nuage, la température en cette fin de journée d’été clémente, et la vue magnifique.

Le silence empli l’espace et la plénitude du monde se livre sans réserve dans cet écrin de nature.

Tout est à sa place, rien ne manque, rien n’est en trop, tout respire l’équilibre.

 

Les vaches paissent paisiblement, seules quelques têtes curieuses se tournent vers moi et m’observent placidement.

Il y a parmi cette compagnie quelques veaux et deux chevaux de traits massifs et de grande taille.

A un moment je me rends compte que l’un d’eux s’approche nonchalamment dans ma direction, tout en broutant.

Il avance doucement, comme si de rien n’était.

Je ne sais s’il m’a vu, mais je ne le quitte pas des yeux tandis qu’il poursuit son approche.

Il n’est qu’à quelques mètres et continue dans ma direction, toujours lentement.

Que cherche-t-il ?

Pris d’un doute quand à ses intentions je me relève doucement sur mes genoux, au cas où il faille déguerpir sur le champ, et tire à moi un de mes bâtons de marche.

Bien maigre défense au cas où il s’aventurerait sans égard.

 

Ça y est, il est maintenant à deux mètres de moi, j’entends son souffle et son museau arracher l’herbe.

Si près il parait immense, il pourrait d’un coup de patte renverser mon abri sans s’en rendre compte, et moi avec.

Il broute toujours, comme si je n’existais pas, pourtant tout dans son allure exprime un naturel paisible.

Aucun de ses mouvements n’est brusque, et c’est même délicatement qu’il esquive les cordes et les piquets qui arriment mon abri.

J’ai le sentiment qu’il est bienveillant, j’esquisse un geste amical sur son encolure.

Je me lève et le caresse sur le flanc, la confiance s’établie.

Il se laisse faire, lève la tête en signe d’assentiment et reprend son activité.

C’est un bel animal, très grand et puissant, il respire la force de tous ses muscles.

Je m’amuse à lui dire combien je suis content de le rencontrer et lui souhaite plein de bonnes choses pour la suite.

Et de la même façon qu’il est venu, il repart, tranquillement.

Je l’accompagne d’un regard plein d’énigme, que de mystère recèle pareille rencontre.

Quelque chose s’est passé, indescriptible dans sa simplicité, intraduisible dans sa banalité.

Une expérience, une trace dont les mots sont absents, vains.

 

La nuit tombe et le troupeau est reparti, comme moi, vers le sommeil.

 

 

Le lendemain, une fois l’abri rangé et le thé bu je repars sur le chemin de ma randonnée.

Qu’elle n’est pas ma surprise lorsque qu’une demi-heure après être parti je croise le troupeau de la veille.

Et le plus surprenant c’est que le cheval qui est venu me voir hier vient spontanément vers moi, comme s’il m’avait reconnu.

C’est incroyable, je n’en reviens pas, il vient tel un ami me dire au revoir.

Dans tout ce qui semble improbable, ce cheval me signifie l’inimaginable.

J’ai le même bonheur à le retrouver et je l’accueille avec joie et gratitude, les bras grands ouverts.

Il y a une magie qui opère dans le secret de la vie.

Celle-ci tisse des liens que j’ai du mal à comprendre tellement ils sont simples.

 

Au moment où je le flatte, l’autre cheval, resté en arrière, se dresse en hennissant avant de détaler furieusement.

Cette curiosité ne manque pas de m’interpeller, j’y perçois les lignes de force qui agitent tous les êtres vivants et qui réagissent selon leurs caractéristiques propres.

Nous sommes tous reliés au vivant par un lien identique et des correspondances s’établissent dans les divers règnes selon des symboles qu’il appartient à chacun de déchiffrer.

Je quitte ce bon cheval qui m’a administré une leçon dont aujourd’hui encore le souvenir reste une rencontre mémorable teinté de magie et de beauté.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives