Je croyais avoir changé.
Je pensais avoir semé le lâche qui me parasite.
Que j'étais débarrassé de la mondanité,
De ce masque poli et consensuel
Semblable à personne,
Pour enfin recouvrer l'innocence d'avant,
La virginité des prémices,
L'endroit…
Vaine rêverie, cruel dépit.
Seul le contexte a changé.
Seul le décors est différent.
Mais je suis toujours reconnaissable.
Enclos dans mes quatre murs.
Pris dans les mailles de l'impression.
L'ailleurs est un narcotique.
Une sirène au chant mélancolique,
Une liqueur d'oubli,
Au charme alcoolique.
Me revoilà seul.
Planqué dans mon réduit
La peur aux tripes,
Que je sois démasqué.
La haine m’assiège.
Elle cogne, impatiente.
Ouvre ! Crie-t-elle, pleine de colère,
Que je pourfende tes chimères,
Que je t'ouvre les viscères.
Qui est cette folle enragée
Qui me poursuit de sa vindicte ?
Que me veut-elle avec son air revêche
Et son insatiable désir de mort ?
Je ne la connais pas, son visage m'est étranger.
Tu ne me reconnais pas ?
Pourtant c'est toi qui m'a nourrie, engraissée.
Je suis ta détestation, ton ombre,
Ton refus et ton refuge.
Fuir est impossible
Seule issue, libère-moi !
Aime-moi.
Je suis ton enfant.
Aime-moi pleinement.
Et laisse-moi t'aimer...
Moi-même.