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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Char à bia.

Publié par konrad sur 27 Novembre 2019, 10:39am

Catégories : #ma prose en 2019

Josef Sudek. Photographe.

Josef Sudek. Photographe.

 Dans la solitude les pensées tourbillonnent en rond telles des mouches sur une viande avariée. Elles ressassent, ravaudent, renâclent entre les quatre murs de ma tête. Je me sens devenir vieux !

 Elles s'égaient dès que j'allume la télé ou internet, que j'ouvre un livre, ou siffle une bière… Mais le répit est de courte durée, dès la distraction dissipée elles reviennent en force comme la marée et déposent sur la surface de ma mémoire tous les immondices dont elles sont chargées. Toutes mes peurs, tous mes manquements, tous mes errements, toutes mes lâchetés factuelles s'échouent et composent une image affligeante de ma nature.

 Malgré l’appréhension, aucun doute, elles viennent de moi. Elles surgissent d'une strate enfantine que mon inconscient régurgite en un aveu de dégoût. Je ne peux me dérober aux preuves ni feindre d'excuses ou m'échapper d'une quelconque façon, toutes les issues sont cernées. Je dois me résoudre, toute résistance est vaine, tout combat voué à l'échec, toute fuite inutile. Pourtant la question demeure, est-ce bien de moi qu'il s'agit là ? De quels oublis sont-ils la mémoire ? De quelles factures sont-ils l'impayé ? Ce moi dont ils se revendiquent héritier, quel est sa nature ?

Tout cela désigne ma personnalité. Certes, mais tout cela ne montre-t-il pas un masque, une convention nécessaire pour jouer dans le monde ? Cette identité prise, à laquelle je me suis identifié avec sérieux tant celle-ci me paraît réelle m'a fait oublier que je joue. C'est ce que me dicte mon intuition la plus intime. Je ne récuse pas mes afflictions, je les reconnais comme un emprunt, comme les pièces d'un costume indispensable à l'interprétation de la pièce.

Ce dont je conviens après réflexion c'est que je ne suis pas un bon acteur, je n'y mets pas assez de cœur, de conviction. Je reste timoré dans mon rôle et cela se ressent. Voilà ce que me disent mes pensées. Que voulez-vous on ne se refait pas. Aujourd'hui j'ai abandonné mes ambitions et perdu mes illusions, me voilà un peu plus libre.

 

Moi-même.

 

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O
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. Albert Camus Amitiés. Olivier
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K
Salut Olivier,<br /> Pourtant l'iniquité même qui ne cesse de grandir, j'aimerais qu'elle se défasse tout en craignant la dévastation qui en suivrait. C'est le dilemme du crépuscule auquel je ne suis pas étranger. Cordialement. Konrad.

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