Un drap gris recouvre le ciel. Il cache un chagrin intime dont les traces luisent encore sur le bitume. Le silence accompagne sa tristesse et les arbres tout à leur humilité pleurent encore des gouttes amères.
Cela a-t-il un sens ? Aucun. Les choses n'ont pas de sens, elles sont !
Je leur prête un sens, comme j'en prête un à tout. Mais les choses ne s'en préoccupent pas, elles sont.
Je donne un sens arbitraire aux choses. Pour ne pas les voir dans leur réalité ?
Peut-être leur nudité m'effraie-t-elle ? Alors je les habille de mes pensées.
Si j'osais les voir telles qu'elles sont, sans penser, l'arbre serait arbre et le bitume aussi et le banc sur la pelouse de même. Ils ne seraient plus des choses dans un paysage mais simplement un arbre, un banc et du bitume. Je rentrerais alors dans leur intimité, comme un familier qui n'est pas séparé de la réalité.
Moi-même.