Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Adélard Zapotec.

Publié par konrad sur 7 Février 2010, 21:11pm

Catégories : #Ma prose en 2010


Qui fut vraiment Adélard Zapotec ? A cette question complexe nous répondrons lapidairement par l’apothegme de Clitomaque : " In girum imus nocte et consumimur igni ".

 

Mais concédons notre infortune. Les éléments circonscrits ne nous apportent que peu d’informations sur sa vie, et les prolégomènes qui nous mirent sur la voie seraient une énumération fastidieuse que nous épargnerons au lecteur.  

Aussi nous livrons, en l’état, au public désireux d’entrer dans les arcanes d’une histoire trop souvent méprisée, le fruit de nos humbles recherches.

 

Puissiez-vous, chers lecteurs, trouver ici les arguments propédeutiques à votre propre accomplissement et à l’élévation de vos sentiments les plus nobles.

Notre ambition " Ab origine fidelis " a été de restituer dans leur objectivité première les faits saillants d’une destinée remarquable.

 

Adélard Zapotec a fait l’essentiel de sa carrière comme jurisconsulte au protozoaire.

Il fut commis quelques mois plus tard au bureau des administrations civiles ; chargé aux affaires liminaires.

Ce n'est que dans les années dix qu'il fut dépêché à Prague, en tant que plénipotentiaire, avec pour mission secrète de récupérer l’énigmatique tarot des avatars.

 

Mais Prague n’est pas une ville comme les autres, elle jouit d’une aura de mystère et de magie qui vous enveloppe d’un charme puissant tel un philtre qui vous lie indéfectiblement à son amour.

Pas un pas dans cette ville sans que vous ne soyez plongés dans l’Histoire, pas un édifice qui ne vous ouvre un pan de la vie réelle ou imaginaire, pas une ruelle où vous ne sentiez la lente métamorphose des sens qu’opère subtilement la ville.

La trame de la cité tisse un lien consubstantiel avec le passant, lui insufflant un surcroit de désir, une invite à réinventer sa propre vie. 

Prague vous associe aux plus insolites évènements et votre déambulation est une circumnavigation dans le monde du rêve " Ad vitam aeternam ", où la félicité se conjugue à la beauté.

L’on devient bohémien habité par la grâce, inspiré par une force juvénile où chaque voie de traverse est occasion jubilatoire.

 

Est-ce cette insoutenable légèreté de l’être que confère Prague qui a occasionné la disparition d’Adélard Zapotec ? Il semble qu’il se soit littéralement volatilisé dans l’athanor pragois dont la ville a le secret.

Que s’est-il passé ? Pourquoi n’y a-t-il aucunes traces de sa disparition ?  Pourquoi le bureau des examens protocolaires, ainsi que l’administration aux prestataires, n’ont fait aucune demande d’enquête ? Ni même déposé un récusé d’affiliation ? Voire un recours aux attendus ?

 

Nous voilà confondus en expectatives délétères, en conjonctures hasardeuses et autres hypothèses saugrenues.

 

L’histoire aurait pu en rester là s’il n’y avait eu la providentielle intervention d’un " factotum " qui exhuma fortuitement les cahiers.

Les fameux cahiers de Malte Laurids Brigge ! Annotés d’acrostiches sibyllins qu’à première vue nous ne pûmes saisir.

Ils finirent, suite à un travail d'herméneutique laborieux et ardu, par livrer une substantifique moelle que nous exploitâmes " Ab imo pectore ".

L’exégèse porta ses fruits amers, car si nous avions appris quelque chose cela ne nous avança guère et nombre de questions demeurèrent en suspend.

 

Adélard Zapotec était-il souffrant lorsqu’il se rendit par la voie un peu sèche qui conduit au Hradshin et à la ruelle d’or ?

Se peut-il que dans le magistère de ses cogitations il ait eu la lumineuse idée de se rendre la nuit au château par une voie détournée, afin de chercher le tarot des avatars dans les salles secrètes inaccessibles, situées sous le château ?

A-t-il lu " La monade Hiéroglyphique " de John Dee ? Comme le laisse supposer certains symboles gravés dans les cahiers ?

 

Il nous restait à examiner la nomenclature inscrite dans ses notes et voir si la formule propitiatoire résumée sous forme d’acronyme était d’une quelconque utilité.

Consulter minutieusement la tablature à la bibliothèque et voir si les correspondances avec ce qui était en notre possession avaient quelque chance d’éclairer la situation.

 

" Auri sacra fames " rétorqua dédaigneux, le dominicain blanc à qui nous demandâmes l’autorisation d’aller visiter les salles du cloitre, en nous congédiant prestement sans autre forme de procès.

Cette porte fermée sonna le glas de nos espérances et nous plongea dans une telle humeur cafardeuse que nous semblâmes être définitivement condamné à errer dans un labyrinthe duquel il nous serait impossible de sortir.

Funeste pensée de déréliction que même une budvar eut de la peine à dissiper.

 

La figure d’Adélard Zapotec paraissait se dissoudre dans une saumure alambiquée pour ne laisser qu’un effluve indolent qui planait dans l’air printanier de la ville.

Cette ombre fugace fit surgir dans notre esprit fiévreux une brulante évidence : le golem.

Cette créature étrange fabriquée par le rabbin Löw qui hantait les nuits pragoise.

Adélard Zapotec victime du golem ! Ou golem lui-même ? L’esprit prisonnier dans l’argile et condamné à errer entre deux mondes…

Cette idée autant sinistre qu’audacieuse nous fit l’effroi d’un rendez-vous chez le dentiste.

D’un revers de main nous chassâmes cette pensée intempestive qui néanmoins nous resta fichée dans le creux de l’estomac.

  

A moins qu’il n'ait découvert le pot aux roses et que " sub rosa " il prononça la formule de la transsubstantiation ultime, laquelle le délivra à jamais des contingences matérielles ?

Cette seconde hypothèse nous revigora et emporta notre suffrage.

 

" Incipit liber " est notre conclusion au terme de cette aventure. 

La vérité est-elle toujours la vérité lorsqu’on lui a retiré son voile ? Se demanda le philosophe.

Puissiez-vous, chers lecteurs, garder d’Adélard Zapotec l’estime et le respect pour son indéfectible propension à ne rien faire comme les autres.

 

Voici la dernière photo d’Adélard Zapotec que nous connaissons de lui.

Notre attention fut attirée par la pierre qu’il tient dans la main. S’agit-il de la pierre philosophale ?

Nous ne tenterons pas d’apporter la preuve définitive, bien que notre conviction soit faite "Ibi deficit orbis".

 

Photos diverses. 013

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
K
A vrai dire je ne sais pas.<br /> Il vous faut consulter google.<br /> En vous souhaitant de fructueuses recherches.
Répondre
M
Qu'est-ce que c'est le tarot des avatars? Merci d'avance!
Répondre
N
<br /> GENIAL!!<br /> <br /> <br />
Répondre
K
<br /> Merci !<br /> <br /> <br />

Archives