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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


Sâdhus...

Publié par konrad sur 5 Février 2010, 06:32am

Catégories : #Ma prose en 2010


http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/0d/Sadu_Kathmandu_Pashupatinath_2006_Luca_Galuzzi.jpg/250px-Sadu_Kathmandu_Pashupatinath_2006_Luca_Galuzzi.jpg

Je les ai croisés sur les ghâts de Bénarès, à Katmandou, dans les ruelles de Calcutta ou sous un banian de Pondichéry, ces figures tutélaires de la tradition indoue, gardiens d’un temple sans murs…

Ils sont vêtus de "locks", drapés de safran et de poussière, le front ceint de figures hiératiques, la barbe blanchie aux rigueurs ascétiques et le regard bercé par la mélopée d’un mantra ponctué par l’errance.

Au hasard des chemins on rencontre ces pèlerins dont l’étrangeté interpelle.

Ils sont invisibles au monde et c’est ce qui les rend remarquables.

Certains ont retiré le voile de la civilisation pour retrouver l’état de nudité originelle. D’autres ont réduit en cendres leurs désirs dont ils se recouvrent le corps.

Ils passent indifférents au monde, éclairant leur pas à la lumière d’une certitude intérieure.

 

Que pour certain leur motivation ne soit pas aussi "sainte" que le laisse supposer leur statut, n’en doutons pas. Que parfois leurs postures soient plus des poses pour des clichés exotiques, c’est incontestable. Que beaucoup aient le regard davantage allumé par les vapeurs de haschich qu’illuminé par la sagesse, c’est certain.

Mais cela ne doit pas occulter la véritable et authentique voie de libération qui les guide.

 

Ce sont les sentinelles d’une mémoire commune, universelle, des passeurs pour la transmigration de l’âme d’un monde en perdition, des témoins silencieux de ce que nous sommes dans une part de nous-mêmes, lorsque l’aspiration à la transcendance nous saisi.  

Une petite lueur en nous ne veut pas mourir étouffée sous les immondices du consumérisme que vient raviver la radicalité existentielle du sâdhu.

Il nous rappelle par sa sobre présence que notre quête du bonheur indexée sur l’accumulation de biens est une illusion.

 

Rendons grâce au génie de l’Inde d’avoir laissé un passage pour l’expression de cette identité, d’avoir su préserver au cœur même de sa modernité une voie antithétique qui nous ouvre le chemin vers l’être de synthèse que nous devons inventer.

Car il ne s’agit pas pour nous de revenir à cette extrémité mais de prendre en compte l’aspiration de la conscience à se déployer, avec l’assentiment du corps, vers les sphères de ses potentialités.   

 

En faisant le chemin de Compostelle j’ai ressenti l’état de vacuité dans lequel peut se déployer la providence.

Lorsque le rythme des pas se met à l’unisson du chant tellurique-cosmique il se produit une résonance telle que la conscience atteint à l’universel.

Une joie simple d’être au monde.

J’ai pensé un moment que véritablement je pouvais vivre ainsi jusqu’à la fin de mes jours...

Il en a été autrement et je ne regrette rien, je poursuis le chemin sous d’autres augures…

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