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Journal d’un Métaphysicien de passage.

Journal d’un Métaphysicien de passage.

Déambulations, soliloques, billevesées et autres histoires à dormir debout.


La Grande Beuverie.

Publié par konrad sur 4 Mars 2011, 12:14pm

Catégories : #Poésie

" - Mais quoi de plus réconfortant que de constater que nous sommes moins que rien ?

C’est donc qu’en nous retournant nous serons quelque chose.

N’est-ce pas un grand réconfort pour la chenille d’apprendre qu’elle n’est qu’une larve, que son état de tube digestif semi-rampant est temporaire, et qu’après sa réclusion mortuaire dans la nymphe elle renaîtra papillon – et cela, non pas dans un paradis imaginaire inventé par une philosophie chenillarde et consolatrice, mais ici même, dans ce jardin où elle broute laborieusement sa feuille de chou ?

 

 Or, nous sommes chenilles, et notre malheur est que, contre nature, nous nous cramponnons de toutes nos forces à cet état, à nos appétits chenillards, nos passions chenillardes, nos métaphysiques chenillardes, nos sociétés chenillardes.

 

 Seule notre apparence physique extérieure ressemble, pour un observateur atteint de myopie psychique, à celle d’un adulte ; tout le reste est obstinément larvaire.

 Eh bien, j’ai de fortes raisons de croire (sans quoi, en effet, il n’y aurait qu’à se suspendre) que l’homme peut atteindre l’état adulte, que quelques-uns y sont parvenus, et qu’ils n’ont pas gardé pour eux seuls les moyens d’y parvenir.

Quoi de plus réconfortant ?"

 

René Daumal. La Grande beuverie.

L'imaginaire gallimard.

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K
<br /> Tellement bon que j'en placerais d'autres extraits.<br /> <br /> <br />
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O
<br /> Excellent !...<br /> <br /> <br />
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