" Mais que l'on ne s'y trompe pas, dans le quasi somnambulisme de l'existence, il n'y a pas moins de métaphysique dans le plus petit des bistrots que dans le plus grand des ashrams ! La réalité n'existe que par le regard que l'on en a.
Même en imaginant le monde il n'est pas moins réel que l'irréalité que l'on croit tangible...
C'est pour cela que nous avons perdu le sens de l'étonnement, de la candeur, et que nous sommes sans le savoir vraiment fermés à l'inattendu et, bien entendu, à l'inconcevable.
Éluder le plausible c'est se préserver de l'habitude conditionnée, c'est vivre l'ordinaire d'un point de vue singulier.
Par les boniments faibles à modérés des bateleurs de foire politicienne, religieuse, professionnelle ou autre, se conservent, se consolident et se défendent les termes du paraitre dans un monde où l'idéal, le but, garantissent une mortalité artificielle cuirassant chaque individu sans sourire intérieur.
Le familier et le familial conditionnent nos réactions sans démonter les rouages des fonctions dans une société qui a si bien intoxiqué ses "citoyens".
Nous sommes loin de la "Révélation du Rire" selon René Daumal. Et pourtant il y a de quoi rire..."
Daniel Giraud. Tao et anarchie. Illustré par François Matton. Ed Almora.