Balkhovitin Dmitrij. Photographe.
La vie ne cesse de me dresser ce que j’ai toujours cherché à éviter.
Au courage qui drape mes rêves, elle renvoie mes lâchetés quotidiennes.
A mes désirs de grandeur, la vanité des songes creux.
L’implacable réel vient frapper mes illusions qui s’effondrent en silence.
J’opposais bien les prétentions de la jeunesse à forger sa réalité, sa fougue et son ardeur à ouvrir des brèches de possible dans les murs de certitude.
Je brandissais avec force l’étendard de ses idéaux, portais haut les couleurs de ses espérances, jusque dans les arènes de la contestation.
Heures glorieuses, dont mon âme garde toujours les traces vivantes, qui donnent le sentiment que l’austérité de l’évidence recule sous les salves de l’utopie.
Mais la vie agit comme une mer, vague après vague elle vient polir le granit des conceptions cristallisées et des idées rassurantes.
Le ressac dépouille sans douleur le vieil homme des oripeaux de ses pensées sans avenir.
Sur la grève s’échoue les dernières résistances ; il n’y a rien à prouver.
Enfin nu, sans honte et sans regret, débarrassé de tout le superflu de la mondanité, le voile de la différence s’estompe.
Il n’y a plus que la beauté, l’innocente simplicité qui réconcilie l’homme avec ce qu’il est.